Face à ce projet destructeur de terres agricoles, onéreux,
d’avenir incertain, éloigné de notre patrimoine authentique,
de nombreuses associations et organisations se sont mises
ensemble en mouvement autour de citoyennes et citoyens du
Tournugeois et de plus loin en Saône-et-Loire, pour faire
toute la lumière sur le projet, s’opposer à sa mise en œuvre
et protéger le site de l’entrée nord de Tournus. Plusieurs
centaines de personnes de tous horizons dans le département
ont déjà apporté leur soutien au collectif :
Confédération Paysanne 71 - Terre de Liens BFC - Confédération
des Associations de Protection de l’Environnement et de la
Nature en Saône-et-Loire (CAPEN 71) - EcologicAction 71
- Confédération Nationale du Travail de Saône-et-Loire et
Nièvre (CNT 71-58) - Europe Écologie/Les Verts BFC - Groupe
Libertaire 71 - Parti Communiste Français 71 - Gauche
Républicaine & Socialiste 71 - La France Insoumise 71 -
Cap Écologie 71 - Mâcon Citoyens - GABSeL
Et
près de 500 citoyennes et citoyens de Tournus, le Tournugeois,
et la Saône-et-Loire...
Une association Champs Libres a été créée pour développer ses
capacités d’action, notamment juridiques.
Comment un contrôle sanitaire a-t-il pu déboucher sur la mort
d’un éleveur, abattu par les gendarmes en 2017 ? Décryptant
les rouages de cette tragédie, ce documentaire plonge dans la
complexité d’un monde agricole en détresse.
Le 20 mai 2017, Jérôme Laronze, éleveur bovin de 37 ans, est
abattu par les gendarmes au terme d’une cavale de neuf jours.
En conflit avec les services de l’État, l’exploitant bio,
porte-parole de la Confédération paysanne de Saône-et-Loire,
s’est soustrait à un énième contrôle sanitaire et a tenté
d’alerter, au cours de sa fuite, sur le malaise de sa
profession. "J’ai été pris de la colère du juste. […] Mon cas
est anecdotique, mais il illustre l’ultraréglementation qui
conduit à une destruction des paysans", dira-t-il au Journal
de Saône-et-Loire. La nouvelle de son décès fait l’effet d’une
bombe dans un monde agricole déjà endeuillé par une vague de
suicides. Comment en est-on arrivé là ? Alors que leurs
revenus dépendent quasi exclusivement des subventions
européennes – lesquelles favorisent les grandes exploitations
–, les paysans doivent se soumettre, en contrepartie, à des
normes très strictes, plus difficiles à respecter pour les
éleveurs en plein air. Isolés, souvent lancés dans une course
à l’extension, certains se retrouvent broyés par les dettes,
la fatigue, le stress et la dépression. D’abord épinglé pour
des retards d’identification de ses bêtes, Jérôme Laronze
s’était engagé dans un bras de fer avec l’administration :
refusant de pratiquer les tests ADN demandés pour garantir
leur traçabilité, il avait été sanctionné par une interdiction
de vendre ses bovins. Cette immobilisation avait entraîné une
surmortalité qui devait conduire à la saisie de son troupeau
pour maltraitance animale…
Tension sourde
Pour décrypter l’engrenage tragique qui a coûté la vie à
l’éleveur, Gabrielle Culand s’est immergée dans la campagne
bourguignonne, filmant des contrôles, la saisie d’un troupeau,
et recueillant la parole de paysans, de syndicalistes,
d’agents de l’État et de journalistes. Son documentaire capte
ainsi la tension sourde qui règne entre des paysans acculés,
humiliés, pris dans une machine productiviste qui les pousse à
bout, et une administration déconnectée de leurs pratiques,
insensible à leurs difficultés. "La seule intervention de
l’administration, aujourd’hui, c’est de régler le problème des
bêtes mais jamais de fabriquer un soutien quelconque à
l’éleveur qui est en train de perdre pied", estime Yannick
Ogor, un confrère, auteur du livre Le paysan impossible,
qui dénonce les "mécanismes d’écrasement historiques de la
paysannerie" contre lesquels luttait Jérôme Laronze.