Ouvriers

 

  Ouvriers

   29 août 2022 -
 

Robert Linhart, L'établi, 1978

On sait bien ce qu'est un établi: une table de travail, plus ou moins aménagée, dont se sert le professionnel ou le bricoleur. Dans ce livre, l' "établi" arrangé par Demarcy, vieil ouvrier de l'usine de 2cv de la Porte de Choisy à Paris, lui sert à retoucher les portières irrégulières ou bosselées avant qu'elles ne passent au montage (si on veut être précis, c'est plus un gabarit qu'un établi). Seul ouvrier professionnel de l'usine, il fait les frais, à l'automne 1969, d'un mouvement de "rationalisation" de la production, avec son lot d'absurdités et d'expériences vexatoires: son "établi" est remplacé par un outil plus "rationnel" avec lequel il ne parvient pas à travailler. Symbole d'un travail que l'ouvrier ne doit pas s'approprier: il était trop bon, et son outil était trop le sien. Un "jeune" fera l'affaire sur cette machine "rationnelle". Moins bien, mais plus interchangeable, plus impersonnel - déqualifié.

Si l'auteur parle d'établi, il ne faut pas y voir trop vite une ignorance des termes de l'art ! Il voulait aussi que l'on pense à autre chose, aux gens comme lui: les établis, ces centaines de militants intellectuels, le plus souvent maoïstes, qui, à la fin des années 60, prenaient un emploi, "s'établissaient" comme on disait, dans les usines, sur les docks ou parfois même dans les exploitations agricoles. Robert Linhart, né en 1944, Normalien de la rue d'Ulm, et militant maoïste de la toute nouvelle Gauche Prolétarienne, a ainsi travaillé un an, comme Ouvrier Spécialisé de deuxième catégorie, à partir de septembre 1968, dans cette usine Citroën de la Porte de Choisy. Une ancienne fabrique d'automitrailleuses Panhard.

Pas de grandes phrases, pas de spéculations. Il raconte, avec une simplicité extraordinaire pour un intellectuel de cette génération, la découverte de la chaîne, des postes, du rythme. Les odeurs de féraille et de peinture, les bruits de tôles et de soudures, la couleur grise partout. Un rythme qu'il pensait violent, saccadé, brutal, et qu'il découvre lent, continu, implacable.

Il raconte aussi sa difficulté à trouver un poste qu'il sache tenir, à comprendre d'où lui vient cette maladresse. Le manque d'habitude ? Son statut d'intellectuel ? Oui et non: ces gestes ne sont pas que des habitudes à prendre. Ce sont des asservissements contre-nature aux mouvements des machines. Devant cette violence, on n'est pas un intellectuel ou un manuel, un Français ou un immigré. On est un humain qui aspire spontanément à faire autre chose.

On peut y sombrer, s'enfermer dans sa souffrance au point d'oublier les autres et soi-même dans la routine. Ou, pour l'auteur, oublier pourquoi il est là: lorsqu'il rentre chez lui, "anesthésié" par sa journée, incapable de lire, de penser, de prendre du plaisir. On peut aussi retrouver dans cette commune répugnance l'intérêt qui lie les travailleurs, contre toutes les divisions: entre Français et immigrés, soumis et révoltés, hommes et femmes, qualifiés et non-qualifiés.  Et ce n'est pas facile, car l'organisation du travail, raconte Linhart, repose aussi sur ces divisions, vise aussi à les vivifier, à les utiliser: salaires, postes, attitudes des chefs en tout genre, grilles de "qualification", tout rappelle à chacun qu'il appartient à un groupe étroit et non à un collectif, à une "race" et non à une classe. Tout porte à oublier la lutte des classes - du moins du côté des ouvriers. Sauf à bien voir où se situent les tactiques du pouvoir, les méthodes de surveillance, la répression, les vexations et toute la gamme des sanctions formelles et informelles que Linhart décrit si bien.

Ce récit devient donc aussi celui des résistances.

Résistances d'abord par mille petites stratégies. Celles de Christian, faites d'habileté et d'attention pointilleuse à remplir ses quotas, rien que ses quotas ! De quoi flirter en permanence avec une colère des chefs qui ne trouve rien à quoi se raccrocher lorsque, pourtant, il dépense sa dernière demi-heure de travail à flâner. Celles des trois frères yougoslaves, si efficaces à s'organiser et se réorganiser au mépris de ce que prescrit le bureau de maîtrise: mais que faire ? Ils sont si productifs ! Il faudra pourtant bien se passer de cette efficacité, pour être prêt à se défaire d'eux ! Stratégies encore de la "folle", comme l'appelle Christian, qui s'abîme dans un accroissement effreiné de son propre rythme, qui se sâoule de gestes ciselés, compulsifs, lubrifiés et callés comme un roulement à billes, qui en oublie au passage que les quotas des postes semblables au sien explosent par sa faute. Qu'en se défonçant ainsi à sa tâche, par sa tâche, elle enfonce un à un ses compagnons d'infortune, comme on dit. Linhart décrit aussi mille autres micro-décisions par lesquelles on mesure un peu de cette vie et de cette dignité qu'il nous reste à ce qu'on force la hiérarchie à tolérer: un peu de stock d'avance pour produire le temps d'une cigarette, un début de tâche un mètre plus haut dans la chaîne pour produire le temps d'un arrêt, d'une inaction. Résistance d'une vie face à la machine. Et Linhart la décrit aussi bien dans ces "tactiques de poste" que dans les ratés, les dyschronies, les maladresses par lesquelles chacun se rappelle à lui-même, et montre aux autres, qu'il n'est pas une machine. Qu'il est plus que cela.

Et cela se voit. Tout se voit dans une usine, pour le meilleur et pour le pire, apprend-on. Tout ce qu'un ouvrier montre est autant d'armes à retourner contre lui à la prochaine réorganisation, à la prochaine "rationalisation". Toute sa vie exprimée au travail est matière d'un savoir, d'une "expertise", orchestré et produit par la hiérarchie. Un "savoir-faire" qui n'a pas grand chose de technique mais a tout d'un art de dominer.

La résistance, c'est aussi celle des explosions de colère dans l'atelier, de la formation d'un comité de base, et finalement d'une grève, le 17 février 1969. En un sens, la grève était déjà là, toujours possible. Sous la résignation apparente, il y a une tension permanente, un fin maillage de pressions et de résistances qu'une moindre maladresse peut déséquilibrer (et ça, nul intellectuel, nul militant ne peut le comprendre de l'extérieur). Le grain de sable, le geste trop rapide ou trop lent, ne menacent pas seulement l'ouvrier. Fort heureusement: saisir le bon moment n'est pas chose aisée, en réalité, pour nos pauvres dominants, et ce n'est pas seulement pour tromper leur monde qu'ils se sentent perpétuellement en crise ! Il n'y a pas d'équilibre dans une exploitation, mais la stabilité d'un bras de fer où l'un domine outrageusement l'autre, qui cependant ne cède pas: tous deux restent également menacés, d'un certain point de vue. Même si les exploités sont mal placés pour percevoir ce "point de vue".

Et ce, non par aveuglement ou par bêtise, mais parce qu'ils sont privés d'intelligence collective.

Assez vite, Linhart raconte comment il s'est trouvé confronté à un problème, qui n'était pas nouveau pour lui, mais qui semblait se poser enfin de manière correcte. Faut-il faire son établissement pour connaître vraiment la vie ouvrière, et ainsi se former ? Mais ce n'est qu'une démarche morale, égocentrée, et assez vaine - le militant "intello" ne devient pas vraiment ouvrier. Faut-il le faire pour organiser la lutte de l'intérieur ? Après tout, c'est pour cela que le mouvement des établis s'est tant développé chez les maoïstes après mai 68 et, surtout, les accords de Grenelle: si même la CGT les a signés, on ne peut donc plus compter sur les syndicats, pense-t-on alors, pour faire la jonction avec le monde ouvrier. Il "nous" faut les organiser et les éduquer par "nous"-mêmes. Mais quelle prétention au final ! Le colonialisme était-il fondé sur une autre intention ? Pire: ainsi posée, l'alternative reste abstraite, vaine.

La situation a tôt fait de montrer à Linhart le problème sous son vrai jour, de lui offrir une meilleure vision des choses - celle que partagent tous les ouvriers de l'usine, et à partir de laquelle ils construisent leurs diverses façons d'être. Cette forme de travail organise tout, happe tout. Les ouvriers ne se révoltent guère ? Ils n'ont pas besoin d'éducation ou qu'on les organise - ils ont besoin de temps. Du temps pour parler, pour se réunir, pour se coordonner. Un temps durant lequel il n'y a plus cette peur pressante de la hiérarchie - en fait, de perdre son gagne-pain - et du temps contraint. Ils ont besoin qu'on les laisse cultiver leur intelligence collective. Quand Linhart leur parle d'organisation et de résistance, les ouvriers ne découvrent rien, ils savent tout. Sauf peut-être que, hors de l'usine, il y a des gens, des militants, qui sont prêts à se battre pour eux et à leur côté. L'établi n'est ni un organisateur ni un éducateur - c'est un messager, un informateur. Une relation. Et de son côté l'établi milite en comprenant et en vivant la situation, et il comprend la situation en militant. Dans la résistance, la revendication et finalement la grève, ces ouvriers - Linhart y compris - ne sont plus ni éducateurs ni éduqués. Ils se forment - une conscience, une histoire, une mémoire qui contribue à l'histoire sociale. Qu'il semblait loin de le voir ainsi avant septembre 1968 ! Et lui-même l'avoue: il lui faudra encore du temps, après son expérience, pour voir les choses ainsi. Il mit près de dix ans à écrire ce livre, pourtant assez bref. Il touche là du doigt le plus évident et le plus difficile à saisir aujourd'hui: l'organisation capitaliste repose sur une forme de désorganisation. Il n'est pas instable par vice. Il a besoin d'une certaine instabilité: pas seulement parce que toute vie collective est en partie au moins imprévisible, mais parce que la domination ne s'organise qu'en désorganisant les dominés.

Il y aurait bien d'autres choses, et meilleures, à dire, à propos de ce livre, de son style si clair, et simple, de sa manière de rappeler ce qu'un intellectuel peut sans doute faire de mieux aujourd'hui: témoigner. C'est ce qui en fait pour moi l'un des livres politiques les plus importants et les plus actuels du 20e siècle. On me dira qu'il ignore une grande part des préoccupations politiques du moment. Au premier chef, la question écologique. Et pourtant: regardez ses descriptions de la vie d'usine, de cet empoisonnement réciproque des hommes et des choses, ce mazout, ces gaz, ces gâchis. Regardez cette manière dont les différences socio-économiques s'y imbriquent aux différences de culture, d'origine, de genre, au mépris des organismes de chacun. Depuis cet écosystème interne à l'usine de la Porte de Choisy, c'est toute une imagerie du monde-usine qui s'offre à nous, du monde-en-chaînes. Or, "l'insulte et l'usure de la chaîne, tous l'éprouvent avec violence, l'ouvrier et le paysan, l'intellectuel et le manuel, l'immigré et le Français" (Linhart, p. 26).

Arnaud Milanese

Extraits (...)

   France 3 BFC - 30 août 2022
 

« Pas de prime de 800 euros, alors que les sites font du bénéfice et que le groupe se porte bien » : à Dole et à Foucherans, la grève se poursuit dans l'entreprise de plasturgie NP-Jura

Depuis le 21 juillet 2022, la grève se poursuit sur les deux sites de NP-Jura. Sur les deux sites du département, les salariés se mobilisent. Ils réclament 800 euros, pour faire face à l’inflation. La direction refuse, les employés restent mobilisés.

À Dole comme à Foucherans (Jura), les salariés réclament notamment une augmentation de salaire, en raison de l’actuelle hausse des prix. La direction du site qui regroupe plus de 190 employés leur répond que les négociations à ce sujet ne se feront qu’en janvier 2023. Elle dit ne pouvoir verser, en attendant, qu’une prime de 600 euros. Pas suffisant pour les grévistes. Les « 55% de salariés en grève » ont posé un dernier ultimatum à leur directeur, ce lundi 29 août. Sans résultat : la direction de l'entreprise qui fabrique des composants médicaux, d'électronique ou d'électroménager, notamment pour les plaques de cuisson par induction, refuse toujours de répondre à leurs demandes.

Une colère au plus haut chez les salariés en grève

« Comment expliquer que la direction refuse de verser l’augmentation de salaire de 3% ou cette prime de 800 euros, alors que les sites du Jura font du bénéfice et que la santé de notre groupe se porte bien ? Les actionnaires de l’investisseur américain vont même recevoir des plus-values ! » Pour Pedro Da Rocha, la décision de la direction de NP-Jura est incompréhensible. « Le directeur nous a opposé le fait que s’il versait 800 euros de prime à chacun, ça mettrait la boîte en danger », explique le délégué syndical CGT de l’entreprise.

Deux rencontres les mardi 23 et jeudi 25 août avec la direction ne leur ont pas donné satisfaction. « La direction campe sur ses positions : proposer 600 euros bruts et ne pas compter les jours de grève dans la prime de présence », complète le technicien de production en reclassement. Insuffisant, pour les salariés mobilisés. Ce sentiment de colère ne redescend pas, d’autant que le représentant syndical dit avoir appris indirectement la « reprise » de l’entreprise par la société américaine ONE Equity Partners. « Lors de la première semaine de grève, après le 21 juillet, nous l’avons appris par la presse, sans que les représentants du CSE, le comité social d’entreprise soit au courant », fulmine-t-il.

Dans le même temps, l’autre motif qui cristallise l’inquiétude de ces salariés porte sur les conditions de travail. « Les salariés doivent être considérés comme de vrais collaborateurs. Nous demandons un investissement au niveau de l’amélioration des conditions de travail. Il y a des machines qui doivent arriver depuis trois ans et qui ne sont toujours pas là. Sans compter la chaleur dans les locaux : cet été, on a frôlé les 43 degrés à l’intérieur. Nous avons pourtant déjà alerté le CSE à ce sujet, en juillet 2021 », s’indigne Pedro Da Silva.

En raison de « l'inflation sur les matières premières comme la pâte à papier », « les familles sont confrontées à l'augmentation du prix des fournitures scolaires », de 10 à 40% selon les cas, a fait valoir le député LFI Paul Vannier lors d'une conférence de presse.

Incompréhension de la direction

Côté direction, pas question de laisser dire qu’il y a un manque d’investissement. « Plus de 3,7% du chiffre d’affaires est réinvesti. Plus d’un million d’euros par an est consacré aux machines, y compris cette année. Trois machines neuves arrivent cette année. L’an passé, nous avons reçu trois robots neufs. C’est particulier pour les sableuses, car cela représente un gros investissement. Nous sommes en train de voir les fabricants, afin de pouvoir chiffrer les opérations de remise en état de ces machines », décrit Bertrand Lefranc.

Le directeur des deux sites réfute en outre la « reprise » de l’entreprise. « Il s’agit de l’entrée d’un nouvel actionnaire dans l’entreprise. Les actionnaires déjà présents sont restés, ce qui est une nouvelle positive. Le fait qu’il y ait un nouvel entrant est une chance pour notre développement. Cela permet d’avoir de nouveaux marchés et de faire de nouvelles acquisitions », se justifie le directeur de NP-Jura.

Quant à l’aspect financier évoqué par les salariés en grève, la direction évoque ne pas pouvoir verser les 800 euros de prime demandés. « Il faut que nous puissions maintenir l’équilibre budgétaire. Sans compter les résultats : s’il y a une perte de résultat, cela touche le budget et donc la participation. Pourtant, on est content de verser une participation aux salariés. Entre 2021 et 2022, il y a eu plus de 800.000 euros supplémentaires reversés, soit 15 à 16 mois de salaire », explique Bertrand Lefranc.

En contrepartie, le responsable évoque plusieurs propositions faites aux salariés des deux sites employant près de 190 salariés. « Nous leur avons d’abord proposé de majorer leur prime vacances avant les congés d’été, ce qui représentait 150 euros bruts pour les salaires proches du SMIC. Cela, versé au mois de juillet. Nous avons voulu verser 200 euros bruts à l’ensemble des salariés. Histoire de patienter avant le vote de l’Assemblée nationale, concernant les délibérations sur le pouvoir d’achat. Ces propositions ont été refusées », commence le directeur du site.

« À la reprise, le 23 août, nous avons dit que nous étions prêts à ne pas prendre en compte les absences excusées par la grève, accompagnée d’une prime nette de 500 euros et d’un rachat des RTT, les réductions du temps de travail, à hauteur de 125%. Ici encore, cela n’a pas été accepté. Sans compter les 600 euros bruts, dernièrement », complète-t-il.

Les salariés en grève indiquent être prêts à lever de suite leur mouvement, s’ils perçoivent la prime réclamée.

  Mâcon Infos - 15 septembre 2022
 

SENNECÉ-LES-MÂCON : Barrage filtrant à l'entrepôt de Carrefour supply chain, les salariés entrent en grève

Suite aux dernières négociations annuelles obligatoires (NAO), la CGT et la CFDT ont appelé les salariés des entrepôts de Carrefour supply chain à entrer en grève.

Selon notre contact sur place, en France, dans 17 entrepôts sur 20 les salariés sont en grève, pour certains depuis le 7 septembre. « La direction nous propose une augmentation de 2 %. C'est évidemment insuffisant compte tenu du contexte d'inflation. Les dividendes ont augmenté eux de 37 %... »

Les grévistes ont débuté leur mouvement ce soir à 22h00. Certains grévistes ont mis en place en place un barrage filtrant à la sortie de l'entrepôt.

Un point sera fait demain en fin de journée.

  Le Journal de Saône-et-Loire - 27 juin 2022
 

Le mouvement de grève continue et se durcit chez Itron

Lancé mercredi dernier, le mouvement de grève se poursuit en ce début de semaine chez Itron, société spécialisée dans la production de compteurs d’eau intelligents, qui emploie plus de 400 personnes à Mâcon.

Ce lundi matin, une cinquantaine de salariés, principalement de l’unité de production, étaient positionnés devant l’entrée de l’usine Itron de Mâcon, située rue Ampère. Soutenus par la CGT, ils poursuivent leur mouvement de grève entamé mercredi dernier.

« 200 euros bruts par mois »

Les grévistes réclament des augmentations de salaires dans un contexte national « de forte inflation » et de « baisse du pouvoir d’achat ». « Notre revendication principale, c’est une hausse de 200€ bruts par mois », indique une déléguée CGT. « A la production, nous ne pouvons pas télétravailler, relate un salarié mâconnais. L’augmentation du prix de l’essence, nous la subissons tous les jours ».

La situation « bloquée »

Au quatrième jour de grève, la situation semble bloquée entre grévistes et direction. « La direction veut négocier si on lève la grève, indique un salarié. Mais on ne veut pas lâcher sans rien obtenir en retour ». « Nous souhaitons maintenir la réunion sur les NAO prévues le 1er juillet », insiste la déléguée locale de la CGT.

La direction rappelle « une hausse de 3,72% au 1er janvier »

Il y a quelques jours, Laurent Sanchez, directeur Europe et Moyen-Orient d’Itron, avait indiqué dans nos colonnes que le groupe avait validé « hausse des salaires de 3,72 % au 1er janvier 2022 ». « Nous sommes conscients des problèmes liés à l’inflation pour nos salariés, ajoutait Laurent Sanchez. C’est pour cela que nous avons anticipé cette augmentation au 1er janvier plutôt qu’au 1er avril. La société a toujours proposé des hausses supérieures à l’inflation ».

Depuis le début de la grève, la production est fortement impactée et ralentie sur le site industriel. A Mâcon, Itron emploie plus de 400 personnes, dont une cinquantaine d'intérimaires.

Voir aussi: Une grève chez Itron pour réclamer une hausse des salaires (Adrien Wagnon, Le Journal de Saône-et-Loire, 23 juin 2022)


  Mâcon Infos - 26 mai 2022
 

Saint-Martin-Belle-Roche - Eurosérum, et la lutte s'amplifie...

En février dernier qui aurait pu prétendre que les salariés d’Eurosérum en seraient à se lancer dans une grève reconductible à la semaine, depuis début mai.

Il faut l’admettre, l’annonce de la fermeture du site subi en début d’année et entrainant la destruction de 119 emplois, sans compter les temps partiels, intérimaires et les répercussions sur les emplois collatéraux (sous-traitants, commerces, écoles …) avait fait l’effet d’une véritable bombe. De multiples actions ont depuis été lancées au sein du personnel de l’entreprise en dehors du schéma classique, assemblées générales, tractages, rencontres syndicales, rencontres avec les instances administratives locales et départementales, manifestations lors du salon de l’agriculture de Paris, réunion avec la direction du Groupe…

La clôture le long de l’ancienne Nationale 6 recouverte de banderoles, de poupées symbolisant les 119 laissés pour solde de tout compte à brève échéance, d’une fresque « street art » réalisée gracieusement par un artiste local, s’ajoutant à cela la création d’une association pour récolter des fonds d’aides sociales et des œuvres artistiques offertes par des peintres, des photographes et autres artistes en vue d’une vente aux enchères en septembre ou octobre prochain et, dernière en date, la réalisation d’un clip vidéo qui vient d’être tourné et qui sera dévoilé en juin… Que d’actions de longue haleine qui ont amené les salariés à se lancer dans un mouvement de grève depuis le 5 mai, mouvement discret au départ car en pleine continuité des actions syndicales officielles, des réunions du personnel avec la direction générale de Paris, le Groupe SODIAAL, la plus grande Coopérative Laitière Française.

« Encore une fois ces 119 salariés et leurs familles vont servir de variables d’ajustement pour que SODIAAL, aidé pour l’occasion du fameux cabinet MC KINSEY, réalise son projet d’adaptation de son parc industriel ! Elle, SODIAAL, qui prône, en vitrine, les valeurs humaines et sa responsabilité sociétale ! » disent amèrement les responsables CGT.

Il aura fallu une réunion de négociation le 4 mai dernier pour se rendre compte qu’aucune proposition de la direction n’allait dans le sens des revendications collectives. Ainsi, l’assemblée générale dès le lendemain sur le site de Saint-Martin-Belle-Roche votait le début de la grève après des mois de relatif calme dans une continuité du travail quotidien et même des acceptations d’heures supplémentaires suivant le flux des arrivées des denrées et des commandes engagées.

Un sentiment de ras-le-bol des salariés…

Le silence de la direction après la décision du mouvement de grève, l’échec d’une réunion à Paris pour débloquer la situation, le sentiment d’absence complète d’entente possible entrainent un sentiment de ras-le-bol des salariés qui ressentent une amertume grandissante.

« Les services de l’État, de la DDETS, de la Préfecture, l’expert mandaté par les syndicats, le député et les maires des communes alentours semblent eux-mêmes démontés face à une direction de SODIAAL qui ne veut rien entendre et semblent se blinder pour éviter d’autres PSE à l’avenir. Il faut bien comprendre qu’avec l’autre site Eurosérum en France (Campbon en Loire-Atlantique) ce sont 316 licenciés qui sont impactés par le PSE (Plan de Sauvegarde de l’Emploi) actuel. Le site de Quimper entame en ce moment un débrayage face à l’absence complète de visibilité, les employés n’ont plus rien à perdre et une grande solidarité entre eux va jusqu’à étonner dans le bon sens des responsables d’entreprises.

Alors qu’une crise alimentaire internationale pointe à l’horizon, malnutrition, famine, avec les changements climatiques et la guerre en Ukraine des produits alimentaires sont jetés en ce moment sur les sites d’Eurosérum et vont en méthanisation. Pour la nutrition infantile, Eurosérum propose pourtant une gamme complète d’ingrédients laitiers, adaptée à la majorité des laits infantiles nécessaires dans les premiers âges. Pays en état de guerre, pays sous-développés, pays en crises financières, tous ont besoin de productions d’ingrédients laitiers, même (et c’est peu dire) les Etats-Unis en manque de lait actuellement et qui font appel au monde entier pour leur en fournir en quantité industrielle. » Des propos recueillis des délégués syndicaux sur le site.

La CGT Eurosérum appelle l’ensemble des habitants de notre région ainsi que les élus locaux à les soutenir dans leur lutte pour le maintien de leur site.

Voir aussi: Eurosérum, au risque de ne devenir que souvenir (Mâcon Infos, 1er mars 2022)




 

Arnaud Milanese
Claire Mallard
Gabriel Siméon
Patrick Monin
Olivier Leprévost
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