Nucléaire

 

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   2 novembre 2022 - Arnaud Milanese

Un « vent de sottise » souffle sur nos campagnes, ou comment le lobby nucléaire croise nationalisme et biodiversité

La fédération d’associations « Vent de sottise » vient d’envoyer un courrier aux députés et sénateurs de Saône-et-Loire pour les convaincre de s’opposer au projet d’accélération des énergies renouvelables débattu à partir du 4 novembre prochain. « Vent de sottise » est une fédération de près de 30 associations, opposées aux projets éoliens du département, au nom de la défense du patrimoine, des paysages et de la biodiversité. Elles ont aussi souligné les limites de projets qui visaient à raser une partie des forêts, artificialiser des dizaines d’hectares, pour un bénéfice écologique contestable. Des membres de ces associations ont reçu ce courrier, pour l’envoyer personnellement aux élus s’ils l’approuvent, contournant ainsi l’espace d’intelligence et d’action collectives que doit être une association.
La question de l’éolien terrestre industriel est complexe. On parle là de ces éoliennes qui vont de 75 à 250 mètres de haut, produisant, en alternance avec des centrales au gaz naturel, de l’électricité réinjectée dans le réseau national de transport électrique. De tels projets sont souvent soutenus comme un moindre mal (plutôt une éolienne qu’une centrale nucléaire), et sont trop rarement étudiées comme un produit du mirage de la « croissance verte » et de ce que nombre d’écologistes appellent le « techno-solutionnisme » (la croyance que la technologie fournira, seule, des solutions à la crise écologique, sans changer nos modes de vie). Signalons, entre autres enquêtes, Les mirages de l’éolien de Grégoire Souchay, une publication de Reporterre (pas vraiment une source anti-écolo…). Bref, cet éolien mérite une véritable réflexion collective.
Est-ce ce que vise le courrier de « Vent de sottise » ? Un courrier de sept pages, long et technique, mais dont se dégagent des formulations tout ce qu’il y a de plus clair. La première page attaque la « politique du ‘tout pour les énergies renouvelables’ » que viendrait servir ce projet de loi. Une politique que mènerait la Commission européenne pour « imposer à l’ensemble des Etats membres » une même politique énergétique « sous l’influence de l’idéologie ‘verte’ surtout anti-nucléaire et celle de nos amis Allemands, ralliés à la cause anti-nucléaire à la suite de Fukushima et fervents partisans d’un éolien qui rapporte beaucoup à leur économie ».
Mais de quoi parle-t-on ?! Où est cette « idéologie verte » supposée si puissante, alors que les engagements de décarbonation de l’économie, largement insuffisants, ne sont globalement pas tenus ? Les centrales au gaz naturel sont admises aux subventions européennes au nom de la décarbonation !! Ce courrier omet de dire que c’est à titre de transition, et le nucléaire l’est aussi à certaines conditions (produire de l’hydrogène). A ces omissions s’ajoutent des contradictions : rappeler que l’éolien terrestre est couplé à une production au gaz naturel, mais soutenir en même temps que l’Allemagne promeut cette politique à cause du renchérissement du gaz naturel !
Il s’en dégage un soutien constant au nucléaire, l’imputation à l’Allemagne des dommages de l’éolien industriel, le tout en usant des réticences de beaucoup à l’égard de la Commission européenne. On reconnaît sans peine une combinaison suspecte entre le lobby nucléaire et des thématiques nationalistes, pour ne pas dire plus (voir par exemple « Anti-éolien : gare au retour de flammes », Revolution énergétique, 10 juin 2021). Le tout venant exploiter des frustrations parfois légitimes : pourquoi sacrifier, au nom d’une mise au vert de l’énergie pour ne rien changer à nos vies, ces lieux ruraux où, justement, s’inventent des manières de vivre autrement ?
Disons-le clairement : il peut y avoir des raisons écologiques profondes de s’opposer à nombre de ces projets éoliens terrestres, mais ce communiqué ne s’en fait aucunement l’écho. Alors ne nous laissons pas confisquer ce débat.

Arnaud Milanese

   04 octobe 2022 - "Après les nuages"
 

Évènement organisé par le collectif les Scotcheuses - réseau Sortir du nucléaire

Projection du film "Après les nuages" et échange sur les projets de l’industrie nucléaire au Bugey.

Lyon (69001) - Rhône-Alpes - Mardi 4 octobre 2022, à partir de 19H00.

Maison de l'écologie - 4 Rue Bodin à Lyon (69001)

PROGRAMME :

> Projection du film des Scotcheuses "Après les nuages" (45 min)

> Présentation du plan de relance du nucléaire annoncé par Emmanuel Macron en février dernier, des projets de cette industrie sur le site du Bugey et des luttes antinucléaires locales

> Temps d’échange entre le public et les militant·es locaux.

   26 septembre 2022 - Centrale nucléaire de Bugey
 

Extension de la centrale de Bugey à deux réactions EPR

La modification du SCOT BUCOPA, dont on trouvera les résultats de l'enquête publique dans le lien, a pour principal objet de créer une zone d'aménagement à côté de l'actuel site nucléaire du Bugey, pour permettre son extension et la construction de deux réacteurs EPR2. Les terrains concernés sont actuellement classés en zone agricole ou agricole et carrière. Dès que le SCOT sera modifié, les PLU des communes de Saint Vulbas et Loyettes seront révisés pour transformer ces terrains en zone d'aménagement.

   10 juin 2022 -

Plainte contre X à propos de la centrale nucléaire de Tricastin

Une information judiciaire a été ouverte pour « mise en danger de la vie d’autrui » à Saint-Paul-Trois-Château (AFP, 9 juin). Si EDF n’est pas nommé, le lieu de l’affaire – la centrale nucléaire de Tricastin – ne laisse aucun doute. A l’heure où la sècheresse menace notre capacité à refroidir les réacteurs (Reporterre, 13 avril), c’est toute la difficulté du nucléaire qui se rappelle à nous.

Suite à son licenciement parce qu’il ne voulait pas taire les manquements à la sécurité constatés sur le site, un cadre de cette centrale porte plainte fin 2021 contre EDF. Dans la foulée, Mediapart révèle que l’Autorité de Sûreté du Nucléaire (ASN) connaissait les faits (2017-2018), ainsi que les pressions subies par le salarié (24 novembre 2021). On parle tout de même d’une surpuissance sur un réacteur, en juin 2017, par exemple, incident non signalé à l’ASN, en violation de l’obligation de transparence qui incombe à l’exploitant.

On répète à l’envi que le nucléaire est plus sûr en France qu’ailleurs, que s’y jouent notre électricité bon marché et notre souveraineté énergétique ! Pourtant… Les incidents nucléaires relevés par l’ASN sont nombreux, et iront croissants avec le vieillissement du parc et le réchauffement climatique. Pire, l’affaire de Tricastin laisse planer un doute : et si cette liste officielle était minimisée ?

Le faible coût de l’électricité est donc artificiel. Il ne tient compte ni de la remise en sécurité (près de 50 milliards d’euros – ActuEnvironnement, 2 nov 2020), ni du démantèlement (sans parler du retraitement des déchets). Pire, la loi plafonne la responsabilité des exploitants à 90 millions d’euros (1968). Or, la Cours des Comptes (2012) estime à 430 milliards d’euros le coût d’un accident nucléaire majeur sur un réacteur de 900MW ! 24 de nos 58 réacteurs sont plus puissants encore, et les scénarios évalués n’incluent pas… la contamination d’une zone urbaine. Ce n’est pas comme si Bugey était à 30km de Lyon, et 60 km de Mâcon ! Avec une responsabilité de 0,02 % au maximum, les exploitants ‘optimisent’ les coûts d’assurance : c’est l’argent public qui est leur assureur !

Enfin, nous importons tout notre uranium depuis 2001. 56 de nos réacteurs sont états-uniens (Westinghouse, disparu en 2017) et nous avons en partie perdu les savoir-faire qu’ils requièrent (Novethic, 1er août 2016). De quelle souveraineté énergétique parle-t-on ?




 

Arnaud Milanese
Claire Mallard
Gabriel Siméon
Patrick Monin
Olivier Leprévost
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