Multinationales

 

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   31 août 2022 -

Vive la rentrée des classes !

Bientôt la rentrée des classes. Il est temps ! Nos cher.e.s petit.e.s semblent avoir un peu oublié leurs leçons. Qu’on en juge !

Bruno Le Maire : « Les superprofits, je ne sais pas ce que c’est », a-t-il déclaré en plein oral du Medef. Il faut dire qu'on a affaire à un cancre. Souvenez-vous, ministre de l'agriculture, il avait séché sur une question plutôt facile: la surface d'un hectare... Peut-être, cette fois-ci, voulait-il plaire à ses examinateurs.

Peut-être, surtout, aurait-il dû copier sur sa voisine, Élisabeth Borne, prête, elle, à réfléchir à la taxation des superprofits. Donc elle sait ce que c'est ! Avait-elle révisé ? Pas tant que cela, en fait : pour taxer les superprofits, à l’heure où une pétition dépasse largement les 50000 signatures favorables, elle dit attendre… les initiatives des entreprises. Mme Borne : rouvrez vos cahiers – les taxes, c’est l’État qui en décide, pas les entreprises !

Il faut dire qu’avec un professeur comme Geoffroy Roux de Bézieux, président du Médef, il y a de quoi rester confus : l’État serait le plus grand bénéficiaire des superprofits. Est-ce qu’il ne faudrait pas justement pour cela instaurer la taxe en question ?! Peut-être les vacances et l’été ne sont-ils pas seuls responsables du trouble dans la tête de nos cher.e.s petit.e.s...

Allons donc voir si, ailleurs, les leçons sont de meilleure qualité et leur transmission, plus efficace. L’Agence Internationale de l’Énergie est on ne peut plus claire : 200 milliards d’euros, c’est la somme des profits exceptionnels que vont engranger les entreprises pétrolières et gazières grâce à la crise, cette année. Face à cela, Italie, Espagne, Royaume-Uni mettent en place une taxe exceptionnelle de 25 %. En Espagne, elle concerne même les banques et les compagnies d'électricité qui bénéficient de ces superprofits. En Allemagne, la réflexion est en cours et va probablement suivre le même chemin. Une idée d’extrême-gauche, donc ! L’Europe aurait-elle basculé sans qu’on s’en aperçoive ?

Qu’on se rassure : une telle taxe sera indolore pour le capitalisme, mais elle aura au moins le mérite de donner des marges d’action à l’État. Pour financer la transition écologique, par exemple, ou pour aider les plus démunis à se chauffer cet hiver, ou à se déplacer. Même si notre Sénat s'y refuse ! Bruno Retailleau (LR) déclarait il y a peu : « Dire aux Français que la solution ce sont les taxes, c’est leur mentir ». On peut effectivement penser à quelques autres mesures, si c'est bien une solution que l'on cherche. On peut en discuter...

Alors la rentrée des classes arrive à point en France, qui semble la seule à oublier ses leçons de capitalisme : oui, M. Le Maire, les entreprises doivent produire des profits (ça aussi, on pourrait en discuter) mais un peu de décence tout de même. Sinon cette rentrée des classes pourrait prendre un tout autre sens. Ce qu’on va de toute façon souhaiter : il est temps que les classes populaires rentrent enfin dans leurs droits politiques. Et pour cela, ces taxes sont insuffisantes, mais tout de même nécessaires. Il est temps !

   Le Journal de Saône-et-Loire - 26 août 2022
 

Taxation des superprofits : comment fonctionnerait le referendum d'initiative partagée souhaité par Olivier Faure ?

Olivier Faure a annoncé ce vendredi matin qu'il allait prochainement proposer à la Nupes de porter un référendum d'initiative partagée sur la taxation des superprofits. D'abord dans les mains du Parlement avant d'être dans celles des électeurs, qu'est-ce que le RIP ?

Invité sur les antennes de RTL ce vendredi matin, Olivier Faure est longuement revenu sur la taxation des superprofits. « Les superprofits sont un véritable scandale. 174 milliards d’euros de bénéfices pour le CAC 40 en 2020-2021. Un record absolu ! On apprend également un record de dividendes. Les actionnaires sont mieux rémunérés pendant que l’on demande aux salariés de se serrer la ceinture. Il faut une taxe sur les superprofits. Le patron de l’ONU, lui-même, invite tous les pays du monde à taxer les entreprises qui profitent de la crise et c’est en France que le Ministre de l’Economie et des Finances ne veut toucher à rien. »

Invité sur les antennes de RTL ce vendredi matin, Olivier Faure est longuement revenu sur la taxation des superprofits. « Les superprofits sont un véritable scandale. 174 milliards d’euros de bénéfices pour le CAC 40 en 2020-2021. Un record absolu ! On apprend également un record de dividendes. Les actionnaires sont mieux rémunérés pendant que l’on demande aux salariés de se serrer la ceinture. Il faut une taxe sur les superprofits. Le patron de l’ONU, lui-même, invite tous les pays du monde à taxer les entreprises qui profitent de la crise et c’est en France que le Ministre de l’Economie et des Finances ne veut toucher à rien. » Olivier Faure promet alors de réunir tous les partis de gauche et écologique prochainement et demander aux Français de se mobiliser. « Ce que je propose aujourd’hui et ce que je proposerai à la Nupes, c’est de proposer à la rentrée un referendum d’initiative partagée qui permette d’aller solliciter les Françaises et les Français pour obliger le gouvernement à avoir un débat, et éventuellement un referendum sur cette question pour demander simplement aux Français : êtes-vous pour ou contre une taxe sur les superprofits ? Nous devons arriver à une société zéro carbone mais il faut se donner les moyens. »

Qu'est-ce qu'un référendum d'initiative partagée ?

Le référendum d’initiative partagée est inscrit dans la loi depuis 2008 dans l'article 11 de la Constitution. Il est entré en vigueur le 1er janvier 2015. Dans un premier temps, ce référendum doit être organisé par 20% des parlementaires, soit 185 députés et sénateurs. Il doit également être soutenu par 10% des citoyens français inscrits sur les listes d’électeurs, soit au minimum 4,7 millions de personnes.

Pour le soutenir, l’électeur peut se rendre sur le site du ministère de l’intérieur ou bien dans des points d’accès situés dans certaines communes. « L’avantage de ce référendum est qu’il permet surtout au Parlement de se saisir directement de cette question » constate Bruno Cautrès, chercheur au CNRS et spécialiste du vote et des élections dans la politique française.

Un long processus

D’abord proposé par les parlementaires, le référendum d’initiative partagée passe ensuite entre les mains des électeurs, qui ont neuf mois pour soutenir le projet. Si le RIP a été soutenu par 4,7 millions de Français, il prend ensuite la forme de proposition de loi. Celle-ci est ensuite examiné par le Parlement, qui a six mois pour rendre son verdict. Au-delà de ce délai, cette proposition de loi est directement transmise au Président de la République, qui la soumet à un référendum. Si le référendum conclut à l’adoption de cette proposition de loi, le Président de la République a deux semaines pour promulguer la loi.

Pourquoi demander un référendum d'initiative partagée plutôt qu’une simple proposition de loi à l’Assemblée Nationale ? « Pour Olivier Faure, il y a un double symbole dans cette demande, assure le politologue. Tout d’abord, cela permet de mettre la Nupes au premier plan politique et de s’ancrer dans la politique française. Ensuite, il permet d'en appeler au soutien populaire et éviter l’Assemblée Nationale pour la Nupes. Dans la mesure où, elle n’est pas majoritaire à l’Assemblée, une mesure qui vient de l’opposition n’a aucune chance d’aboutir. »

Avec environ 150 députés, la coalition de plusieurs partis de gauche ne représente qu’un quart de l’Assemblée et aurait donc de fortes chances de voir son texte rejeté. En revanche, il faut 180 parlementaires pour que le référendum d’initiative partagé soit proposé. Avec ses députés, ainsi que les 21 députés de divers gauche, la Nupes est presque assurée de voir le Parlement soutenir le projet.

Si le RIP est validé par le Parlement, il n’est absolument pas certain qu’il soit soutenu par les 4,7 millions d’électeurs. Un seuil bien trop important pour Bruno Cautrès. « Ces 10% du corps électoral requis forme une condition très importante, presque impossible à avoir. Si on souhaite moderniser notre vie politique, en donnant davantage la parole aux citoyens en direct, on sera sans doute amener à retoucher ce seuil. »

   10 juin 2022 - Arnaud Milanese

Plainte contre X à propos de la centrale nucléaire de Tricastin

Une information judiciaire a été ouverte pour « mise en danger de la vie d’autrui » à Saint-Paul-Trois-Château (AFP, 9 juin). Si EDF n’est pas nommé, le lieu de l’affaire – la centrale nucléaire de Tricastin – ne laisse aucun doute. A l’heure où la sècheresse menace notre capacité à refroidir les réacteurs (Reporterre, 13 avril), c’est toute la difficulté du nucléaire qui se rappelle à nous.

Suite à son licenciement parce qu’il ne voulait pas taire les manquements à la sécurité constatés sur le site, un cadre de cette centrale porte plainte fin 2021 contre EDF. Dans la foulée, Mediapart révèle que l’Autorité de Sûreté du Nucléaire (ASN) connaissait les faits (2017-2018), ainsi que les pressions subies par le salarié (24 novembre 2021). On parle tout de même d’une surpuissance sur un réacteur, en juin 2017, par exemple, incident non signalé à l’ASN, en violation de l’obligation de transparence qui incombe à l’exploitant.

On répète à l’envi que le nucléaire est plus sûr en France qu’ailleurs, que s’y jouent notre électricité bon marché et notre souveraineté énergétique ! Pourtant… Les incidents nucléaires relevés par l’ASN sont nombreux, et iront croissants avec le vieillissement du parc et le réchauffement climatique. Pire, l’affaire de Tricastin laisse planer un doute : et si cette liste officielle était minimisée ?

Le faible coût de l’électricité est donc artificiel. Il ne tient compte ni de la remise en sécurité (près de 50 milliards d’euros – ActuEnvironnement, 2 nov 2020), ni du démantèlement (sans parler du retraitement des déchets). Pire, la loi plafonne la responsabilité des exploitants à 90 millions d’euros (1968). Or, la Cours des Comptes (2012) estime à 430 milliards d’euros le coût d’un accident nucléaire majeur sur un réacteur de 900MW ! 24 de nos 58 réacteurs sont plus puissants encore, et les scénarios évalués n’incluent pas… la contamination d’une zone urbaine. Ce n’est pas comme si Bugey était à 30km de Lyon, et 60 km de Mâcon ! Avec une responsabilité de 0,02 % au maximum, les exploitants ‘optimisent’ les coûts d’assurance : c’est l’argent public qui est leur assureur !

Enfin, nous importons tout notre uranium depuis 2001. 56 de nos réacteurs sont états-uniens (Westinghouse, disparu en 2017) et nous avons en partie perdu les savoir-faire qu’ils requièrent (Novethic, 1er août 2016). De quelle souveraineté énergétique parle-t-on ?

   5 juin 2022 -
 

L'optimisation fiscale de 800 millions d'euros de General Electric

L’intersyndicale de l’usine de turbines de Belfort vient de déposer plainte contre son propriétaire, General Electric (GE), pour « blanchiment de fraude fiscale », entre autres choses. Et c’est toute une saga macronienne qui se rappelle à nous.

On leur reproche, explique Eva Joly, avocate des plaignants, une évasion fiscale massive, depuis 2015. 800 millions d’euros de bénéfices auraient été transférés en Suisse et dans le Delaware (Etats-Unis), privant le fisc français de plus de 150 millions.

Un abus en cache toujours un autre : les résultats du site se trouvent ainsi déficitaires, justifiant 1400 licenciements depuis 2015. Près de 800, pour la seule année 2019, et Bruno Le Maire alors de mentir de manière éhontée sur les volumes de production du site !

On se souvient que la branche énergie d’Alstom fut bradée en 2015, alors qu’Emmanuel Macron était à Bercy, et conservait ainsi un droit de véto. Lorsqu’il a annoncé, en février dernier, le rachat de la filière nucléaire de GE France par EDF, beaucoup se sont chargés de le lui rappeler. Sa réponse fut singulière : « c’est la vie industrielle » ! Que voulez-vous, mes braves gens ?…

Eh bien savoir ce qu’il se passe. Pourquoi GE refuse de répondre aux médias. Pourquoi M. Le Maire avance le « secret fiscal professionnel » tout en soutenant que Bercy n’a pu valider ce montage. Mais GE bénéficie de la « relation de confiance » avec Bercy, alors M. Le Maire, entre mensonge et faute professionnelle, il va falloir choisir !

Pourquoi le ministère de l’Economie et des finances– seul à même de porter plainte pour fraude fiscale – ne s’est-il jamais penché sur ce dossier, même lorsque Hugh Bailey (DG de GE France) a fait l’objet d’une enquête préliminaire pour « prise illégale d’intérêt » ? Pourquoi, depuis décembre 2021, n’a-t-il jamais répondu aux sollicitations des salariés de Belfort ?

Cette indécence n’a donc plus de limite depuis que la Macronie lui a trouvé un joli nom – le ruissellement. Ou plutôt si, elle peut avoir une limite : vos voix. Alors faites-les entendre haut et fort dans les urnes les 12 et 19 juin 2022 !




 

Arnaud Milanese
Claire Mallard
Gabriel Siméon
Patrick Monin
Olivier Leprévost
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