Le transport et le logement sont portés disparus
Lors de sa première conférence de presse, la nouvelle porte-parole
du gouvernement, Olivia Grégoire semblait fière de sa formule,
malgré sa maîtrise encore incertaine de la langue
macroniste : notre « gouvernement [est] en mouvement ».
Pourtant, il ne marche pas ! Et pour cause, ils réfléchissent
encore, insistait-elle, et 14 ministres devront démissionner
s’ils perdent les législatives. Gouvernement instable, donc ?
Balbutiant comme sa porte-parole ? Tournant en rond, composé
d’éternels néophytes, comme sa majorité parlementaire ?
Gouvernement en mouvement vers la sortie ?
De là peut-être les manques criants de cette drôle d’équipe :
la disparition des ministères du Logement et des Transports. Les
Français ne se logent plus et ne se déplacent plus, semble-t-il.
Et dire qu’ils s’en préoccupent toujours ! Au prétexte que
logements et transports seraient vitaux, et
concentreraient une part gigantesque des injustices
économiques et territoriales du pays ! Quelle drôle de langue
parlent encore nombre de Français !
Macron est, lui, un pragmatique, il ne s’embarrasse pas de
détails. Il a enterré, de diverses manières, les gilets jaunes et
la convention citoyenne pour le climat. Il a enterré
l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale,
transférant ses missions au Conseil national des politiques de
lutte contre la pauvreté et l’exclusion, contrôlé par Matignon et
une Fiona Lazaar incapable de se faire entendre. Voici maintenant
qu’il raye de la carte gouvernementale ces contrées fort mal
connues de la Macronie ! Comment douter encore que nos
problèmes seront bien (mal)traités ? Le pragmatisme
selon Macron. M. Dirx, comprenez-vous bien ce qu’ils disent ?
Mais qu’en ‘pensez’-vous Mme Grégoire ? « Il nous manque
peut-être quelques ministres ». C’est-à-dire ? Ah
oui peut-être, on n’y avait pas pensé ? Pourtant, ils
‘réfléchissent’, elle nous l’assure. Peut-être, on s’en
fiche, on verra ? Puisque transport et logement sont déjà et
resteront sous la coupe du ministère de la Transition écologique.
Une belle façon de séparer illusoirement enjeux écologiques et
sociaux ? Ou pire : une façon de confier ces bagatelles
à Amélie de Montchalin.
Souvenez-vous : cette ministre de la Transformation et de la
fonction publiques, qui avait commandé à Boston Consulting Group
(BCG), où travaille son conjoint, une expertise à 360 000 euros
pour améliorer… l’accueil téléphonique des services publiques.
Après sa répétition devant la commission du Sénat, qui mieux
qu’elle pouvait prêter main forte à Olivier Dussopt, alors
ministre des Comptes publics, et aujourd’hui ministre du Travail,
pour défendre le recours aux cabinets de conseil devant la presse,
en plein scandale McKinsey ? Les voilà opportunément promus
tous deux ! Le mérite républicain selon Macron. M.
Dirx, comprenez-vous vraiment ce qu’ils disent ?
Alors qu’on se rassure ! Nous avons « peut-être »
déjà notre ministère des Transports : le Transportation &
Logistics Industry Consulting est l’une des composantes les plus
dynamiques du BCG ! La Transformation publique selon
Amélie de Montchalin. M. Dirx, vous semblez perdu : est-ce
pour cela que vous restez silencieux ?
Car ce gouvernement que vous défendez, cher député fantôme et
muet, tourne bel et bien en rond et fait valser les mots : de
cabinets de conseil en mépris des citoyens, ses membres tournent
comme les planètes autour d’un Macron solaire – la révolution
selon la Macronie –, prêts à dévorer au passage une part toujours
plus grande de nos vies. Si vous sortez un jour de votre mutisme
et de votre rôle de figurant, montrez-nous que vous maîtrisez
cette si belle langue ! La représentation selon Dirx…
Car nous savons, nous aussi, jouer sur les mots ! Deux petits
tours et puis s’en vont, les petites macronnettes.
Cette majorité sortante, faisons qu’elle le soit vraiment,
au nom des transports, du logement, et de tout ce qui fait la
dignité de nos vies. Renvoyons tous ces gens aux cabinets
en tout genre, en votant pour des députés NUPES qui vous
ressemblent et vous feront toujours confiance ! Qui vous représentent
sans vous absenter. La démocratie selon le peuple – une
langue oubliée depuis trop longtemps, et qui reste pourtant la
plus belle pour exprimer sa colère.
Patrick
Monin