Vive la rentrée des classes !

Bientôt la rentrée des classes. Il est temps ! Nos cher.e.s petit.e.s semblent avoir un peu oublié leurs leçons. Qu’on en juge !

Bruno Le Maire : « Les superprofits, je ne sais pas ce que c’est », a-t-il déclaré en plein oral du Medef. Il faut dire qu'on a affaire à un cancre. Souvenez-vous, ministre de l'agriculture, il avait séché sur une question plutôt facile: la surface d'un hectare... Peut-être, cette fois-ci, voulait-il plaire à ses examinateurs.

Peut-être, surtout, aurait-il dû copier sur sa voisine, Élisabeth Borne, prête, elle, à réfléchir à la taxation des superprofits. Donc elle sait ce que c'est ! Avait-elle révisé ? Pas tant que cela, en fait : pour taxer les superprofits, à l’heure où une pétition dépasse largement les 100000 signatures favorables, elle dit attendre… les initiatives des entreprises. Mme Borne : rouvrez vos cahiers – les taxes, c’est l’État qui en décide, pas les entreprises !

Il faut dire qu’avec un professeur comme Geoffroy Roux de Bézieux, président du Médef, il y a de quoi rester confus : l’État serait le plus grand bénéficiaire des superprofits. Est-ce qu’il ne faudrait pas justement pour cela instaurer la taxe en question ?! Peut-être les vacances et l’été ne sont-ils pas seuls responsables du trouble dans la tête de nos cher.e.s petit.e.s...

Allons donc voir si, ailleurs, les leçons sont de meilleure qualité et leur transmission, plus efficace. L’Agence Internationale de l’Énergie est on ne peut plus claire : 200 milliards d’euros, c’est la somme des profits exceptionnels que vont engranger les entreprises pétrolières et gazières grâce à la crise, cette année. Face à cela, Italie, Espagne, Royaume-Uni mettent en place une taxe exceptionnelle de 25 %. En Espagne, elle concerne même les banques et les compagnies d'électricité qui bénéficient de ces superprofits. En Allemagne, la réflexion est en cours et suit le même chemin. Une idée d’extrême-gauche, donc ! L’Europe aurait-elle basculé sans qu’on s’en aperçoive ?

Qu’on se rassure : une telle taxe sera indolore pour le capitalisme, mais elle aura au moins le mérite de donner des marges d’action à l’État. Pour financer la transition écologique, par exemple, ou pour aider les plus démunis à se chauffer cet hiver, ou à se déplacer. Même si notre Sénat s'y refuse ! Bruno Retailleau (LR) déclarait il y a peu : « Dire aux Français que la solution ce sont les taxes, c’est leur mentir ». On peut effectivement penser à quelques autres mesures, si c'est bien une solution que l'on cherche. On peut en discuter...

Alors la rentrée des classes arrive à point en France, qui semble la seule à oublier ses leçons de capitalisme : oui, M. Le Maire, les entreprises doivent produire des profits (ça aussi, on pourrait en discuter) mais un peu de décence tout de même. Sinon cette rentrée des classes pourrait prendre un tout autre sens. Ce qu’on va de toute façon souhaiter : il est temps que les classes populaires rentrent enfin dans leurs droits politiques. Et pour cela, ces taxes sont insuffisantes, mais tout de même nécessaires. Il est temps !

Arnaud Milanese

   31 août 2022