18 mars 2023 - Aurélie Trouvé à Montceau-les-Mines !
     

La France Insoumise montcellienne
organise un grand débat,
Mardi 21 mars, 19h30
Salle Polyvalente du Centre Nautique

Avec la participation d'Aurélie Trouvé.

   12 février 2023 - document NUPES national
   JSL - 13 janvier 2023 - Benoit Montaggioni
     

Réforme des retraites : la bataille a commencé sur les réseaux

Avant même les premières manifestations, les Insoumis du Chalonnais publient une longue réponse à un tweet de Louis Margueritte, député Renaissance du Chalonnais, qui défend l’intérêt de la réforme des retraites présentée par Élisabeth Borne.

La réforme n’a été présentée que mardi en fin d’après-midi et les premières mobilisations dans la rue sont encore en train de s’organiser. Mais sur internet la bataille des retraites a déjà commencé. Le groupe “Chalon l’Insoumise” a notamment remarqué un tweet du député Renaissance de Saône-et-Loire Louis Margueritte. Ce bon soldat de la Macronie relaye déjà la bonne parole du gouvernement sur les plateaux télé pour convaincre de la nécessité de la réforme.

"Justice et équilibre. Cette réforme est le fruit de plusieurs mois de concertation. Le rehaussement de l'âge de départ sera accompagné de nouveaux droits pour les salariés. L'objectif est de sauver notre système de retraites par répartition."

Des arguments que le député déploie également sur les réseaux sociaux. Ainsi, quelques minutes après les annonces d’Élisabeth Borne, le 10 janvier, il tweetait les arguments suivants : « meilleure prise en compte des carrières longues, validation de trimestres pour les aidants familiaux, fonds d’investissement dans la prévention de l’usure professionnelle d’un milliard d’euros. »

Un message sur lequel ont sauté les membres du Groupe “Chalon L’insoumise” pour tenter de le démonter point par point. « Rien d’autre ? Un peu comme si on mettait un joli papier pour emballer un bien vilain cadeau. » Dans un long message de réponse, signé par Sylvie Herody, membre du parlement de la Nupes, le groupe “Chalon L’insoumise” développe : 

« ASSUMEZ ! Monsieur Margueritte, que la réforme c’est aussi, et surtout, le report de l’âge de départ de 62 à 64 ans. Et que cela va toucher y compris ceux et celles qui sont sur le point de partir : quelqu’un né après le 1er septembre 1961 devra travailler 3 mois de plus, celui qui est né en 1962, 6 mois de plus, 9 mois de plus s’il est né en 1963 etc. […]
ASSUMEZ que c’est aussi un passage progressif de 42 à 43 annuités ! Ainsi ceux qui auront fait des études et qui commenceront donc à travailler plus tard subiront de plein fouet cette mesure : 65, 66, 67 ans… !
ASSUMEZ que les seniors sont déjà à près de 40 % en inactivité (chômage, maladie, invalidité) et que le recul à 64 ans va donc les maintenir 2 années de plus au chômage : c’est un surcoût énorme (et passé sous silence) pour l’assurance chômage !
Alors certes, un index de surveillance de l’emploi des seniors va être mis en place, un machin qui sera certainement une « usine à gaz », de surcroît non contraignant !
ASSUMEZ que la retraite minimum à 1 200 € (85 % du SMIC) est un leurre ! D’abord parce qu’il faudra pour cela avoir une carrière complète : or 70 % de ceux qui ont aujourd’hui une pension inférieure à ce montant N’ONT PAS une carrière complète ! Et puis c’est une mesure qui a été inscrite dans une loi… de 2008, jamais appliquée par les gouvernements successifs ni par M. Macron depuis 2017 ! Cette soi-disant mesure n’est donc pas un progrès : juste un rappel à la loi !
ASSUMEZ que les femmes, qui ont le plus souvent des carrières incomplètes et perçoivent une retraite inférieure de 40 % à celle des hommes, ne verront donc aucune amélioration !
ASSUMEZ que ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans, le plus souvent dans des métiers pénibles, pourront partir en carrière longue à 62 ans et non plus à 60 ans ! Soit 44 ans de cotisations : carrière longue, oui TRÈS longue…
C’est oublier que l’espérance de vie « en bonne santé » est en moyenne de 63 ans, que l’espérance de vie des plus modestes est inférieure de 13 ans à celle des plus aisés et que, lorsque les premiers parviennent à la retraite, ils ont le dos cassé ou les genoux détruits ! »

Et les Insoumis chalonnais terminent leur communiqué par une citation en guise de dernier coup de poignard : « Franchement ce serait assez hypocrite de décaler l’âge légal de départ en retraite. Quand on est soi-même en difficulté, bon courage déjà pour arriver à 62 ans ! » Des mots prononcés en avril 2019 par un certain… Emmanuel Macron.

   11 janvier 2023 - Catherine Amaro (LFI)
 

Catherine Amaro (LFI - Mâcon) sur Nostalgie, au sujet de la réforme des retraites

   4 janvier 2023 - A Montceau-les-Mines, la FI s'oppose aux décisions municipales


BASSIN MONTCELLIEN

A Montceau-les-Mines a-t-on encore le droit de critiquer ?

Suite à l’explosion des prix de l’énergie, Mme JARROT, maire de Montceau-les-Mines, a imposé sans débat des restrictions énormes de chauffage dans les bâtiments publics (gymnases, piscine, syndicats, associations). Cette politique reproduit la politique inégalitaire de Macron et accable encore les plus pauvres. Nous avons diffusé un tract (ci-dessous) pour contester l’injustice engendrée par ces décisions prises au plus haut niveau de la commune.
La presse locale a imposé le silence et la censure, en refusant de publier notre texte malgré plusieurs demandes.
Nous avons fait le maximum pour faire connaitre la vérité aux citoyens de notre bassin : 2000 exemplaires ont été distribués devant les écoles et les commerces (à Blanzy et à Montceau). Un jour, nous avons même dû faire face à des intimidations policières. Il fallait défendre le droit d’exprimer nos opinions et nous avons eu à faire à des adversaires déterminés et coriaces. Va-t-il falloir nous exprimer nous-mêmes sans passer par la presse dont c’est la fonction et le devoir ?

TRACT DISTRIBUE DEVANT LES ECOLES ET COMMERCES DU BASSIN MONTCELLIEN EN DECEMBRE 2022
   12 décembre 2022 - Groupe d'action LFI du Clunisois

Contribution du Groupe d’Action LFI du Clunisois au débat sur l’affaire Quatennens

Depuis le 18 septembre, une drôle de musique circule dans nos cercles militants, une musique que nous attendions plutôt de nos adversaires politiques : “laissez la justice faire son travail !”, “ce sont des histoires d’amour intimes, complexes et nous ne devons pas nous en mêler”, “il doit bénéficier de la présomption d’innocence”. Des déclarations mêlant réflexe d’affection et juridisme1 prudent. En tant que militant.e.s de la France Insoumise, engagé.e.s dans la lutte contre les violences sexuelles et sexistes (VSS), nous ne sommes ni les amis d’Adrien Quatennens, ni ses juges. Certes nous n’en sommes pas aux scandales de La République En Marche à propos de Gérald Darmanin ou Damien Abad, par exemple. Mais nous attendons davantage d’un mouvement comme le nôtre et souhaitons proposer notre réflexion à ce débat. Notre réaction publique à cette affaire doit être politique et militante : elle doit être en phase avec les enjeux sociaux (ici, les violences faites aux femmes) et les valeurs (féministes) que nous portons. Elle doit respecter la nature de notre mouvement : un mouvement populaire, “ouvert” et “évolutif”, et non un parti d’avant-garde dépendant de ses leaders.

Notre travail de militant.e.s

Qui peut nier, en effet, que les violences faites aux femmes est aujourd’hui un problème social de premier plan ! En France, 213.000 femmes subissent chaque année des violences sexuelles et sexistes2. Parmi leurs agresseurs - souvent des proches, quasiment tous des hommes - seule une infime minorité font l’objet d’une procédure judiciaire et encore plus rares sont les condamnations. A titre d’exemple, concernant les viols : 10% seulement des victimes portent plainte, et seulement 1% de ces plaintes aboutissent à une condamnation. Donc, 0.1% des viols sont condamnés en France. Pourtant, les études de criminologie et les enquêtes de victimation montrent que les fausses accusations ne représentent que 2 à 10% des plaintes3 (rappelons en outre que, dans cette affaire, Adrien Quatennens a reconnu une partie des accusations pesant contre lui). Si on ne peut pas assimiler toutes les VSS à des viols, ces données n’en illustrent pas moins déséquilibre immense entre la réalité des VSS et leur traitement judiciaire. En tant que militant.e.s, on ne peut pas partir du principe qu’une femme ment quand elle accuse son conjoint de violence, car nous manquerions ainsi de soutenir ces 99.9% de femmes victimes qui n’auront jamais justice ! On ne peut pas non plus en tirer des conséquences tièdes sur le rôle qu’un homme, ainsi accusé, est supposé devoir jouer dans un mouvement qui assume des valeurs féministes ! Un mouvement féministe a pour rôle de soutenir toutes ces femmes pour que cesse l’impunité de la violence des hommes sur les femmes. Cela implique de refuser qu’une personne accusée de violence par sa conjointe représente le dit-mouvement.
Il en va donc de notre lucidité et de notre sincérité. C’est aussi simple que cela. Les valeurs que nous partageons sont l’un des ciments les plus solides et les plus honorables de notre mouvement, et ces thèmes féministes en font pleinement partie. Les exigences des militant.e.s aujourd'hui - et notamment celles des jeunes générations - sont immenses. Ne pas l'entendre serait une erreur.

Le travail de la justice, la place de l’humain

Il ne s’agit pas d’incriminer ici le travail de la justice, mais de souligner la difficulté du traitement judiciaire des VSS et leur importance pour notre société. Une réaction politique ne doit bien sûr pas remplacer la justice ni oblitérer l’humain et l’amitié. La justice doit faire son travail. L’avenir en commun ne prône pas la création d’un tribunal se substituant à la justice ordinaire, qui condamnerait une personne sur une seule accusation.
Aussi, et jusqu’à preuve du contraire, les ami.e.s d’Adrien Quatennens n’ont aucune interdiction de le voir, de lui parler, d’entretenir des liens avec lui. Même pour une personne coupable de faits de violences, quelle qu’en soit la gravité, notre programme prône de “discuter avec elle, l’écouter et d’éviter qu’elle se trouve isolée et désocialisée”. C’est sûrement là la place des ami.e.s d’Adrien Quatennens, qu’il soit réellement coupable ou non.

L’indispensable démocratie d’un mouvement féministe

Nous voulons simplement que le respect de la justice et des amitiés privées n’efface pas les conséquences politiques de cette affaire. Et sur ce point, l’affaire Quatennens pose une question cruciale. Pourquoi tant de volonté, chez certains de nos camarades, de voir revenir une personne accusée de violence sur son ex-compagne ? Parce qu’il serait “un bon homme politique”, répondent ses soutiens. N’y a-t-il personne d’autre de “bon” à la FI ? Sans doute que si ! Cette affaire révèle donc un problème d’organisation dans notre mouvement qui - malgré nombre de figures militantes émergentes - a déjà du mal à accepter un turn over de ses figures de proue. Une structure qui peine à puiser dans cette force immense que constituent 300.000 militant.e.s et 7.700.000 voix à l’élection présidentielle. Les arguments sur les qualités d’Adrien Quatennens qui justifieraient son maintien démontrent bien souvent une personnification et une idolâtrie inquiétantes pour notre mouvement.
Décider collectivement de changer de leader est un choix stratégique et politique d’un mouvement populaire, qui ne devrait pas provoquer tant de remous. Nous estimons simplement, avec d’autres, qu’il ne peut plus être l’un de nos leaders politiques.

On passe le relais… et la lutte continue

La France Insoumise est un programme politique, une vision du monde, une histoire militante et collective. Et dans un tel mouvement, la bonne conduite d’un leader politique, vraiment attaché aux valeurs féministes et démocratiques qu’il a défendu dans son programme, serait de se retirer du premier plan, de démissionner de son mandat, de laisser ses camarades - nombreux et compétents - assumer le front médiatique et le combat parlementaire.

Groupe d'action LFI du Clunisois

1 Juridisme : Attitude de quelqu’un qui s'en tient à la lettre des lois
2 Chiffres tirés de l’enquête “Cadre de vie et sécurité” 2019 du Ministère de l’Intérieur : bit.ly/3W3HyHq
3 “False Allegations of Sexual Assualt: An Analysis of TenYears of Reported Cases” : bit.ly/2P5DJPQ

   10/12 - Intervention de Catherine Amaro (LFI) - conférence de presse NUPES
 

Bonjour et merci à toutes et tous pour votre présence ici, à cette conférence de presse.
Je tiens d’abord à excuser Patrick Monin et Claire Mallard qui sont à Paris, au congrès national d’EELV. Pour représenter les Verts, nous avons Henri Grenard, pour le PCF ce sera Chantal Cloix et Céline Vinauger, pour le PS Léopold Comtet et Yulika Matsunaga, et enfin pour la France Insoumise et ses composantes : Olivier et moi-même, ainsi que Patricia Baci pour le PG, et Christian Allaume pour le POI.
Si nous vous avons conviés aujourd'hui, c'est parce que nous souhaitons partager une vision d'espoir avec une gauche rassemblée sur notre territoire.
La NUPES dispose aujourd'hui au niveau national d'un intergroupe parlementaire et ses 4 grandes composantes travaillent ensemble à des propositions alternatives pour le pays. Nos 4 grandes familles sont d'ailleurs liées par un accord de gouvernement et ce n'est pas rien, après des années de conflits entre les différents partis de gauche.
Au niveau local, il y a une longue habitude de travailler ensemble mais nous avons tout de même fait les frais de ces conflits, avec des résultats décevants à diverses élections, notamment les législatives 2017 qui ont vu s'opposer deux candidats de droite au 2ème tour. Parce que c'est bien de cela qu'il s'agit avec la République en marche ou quel que soit le nom que ces gens portent actuellement : une politique ultra libérale, une politique qui laisse sur le bord de la route de plus en plus de gens, parmi les plus pauvres, bien sûr, mais aussi parmi les classes moyennes de notre pays, une politique court-termisme sans aucune vision des enjeux écologiques, au-delà des stratégies de communication, et enfin une politique brutale faite de 49.3 et de répression de la contestation.
Je ne m'étendrai pas plus, tout le monde ici mesure bien le problème et qui incarne une véritable alternative.
J'en viens donc vite à ce qui nous motive.
La dernière campagne des législatives a fait émerger sur le territoire une nouvelle dynamique, basée sur des propositions mais aussi sur des personnes qui font ce groupe, un groupe basé sur le respect et l'intelligence collective.
Patrick Monin et le groupe EELV ont souhaité dès le départ créer une véritable NUPES locale. Ils nous ont tendu une main que nous avons su saisir et qui a permis de fédérer.
C'est pourquoi, même si nous ne l'avons pas emporté, nous voyons cette campagne comme un succès. Un succès parce que le deuxième tour a vu s'opposer deux visions bien différentes de notre avenir.
Un succès aussi dans le travail commun, un succès dans les échanges avec les habitants des quartiers populaires, un succès dans le dépassement de ce que nous pensions être des clivages.
Notre réunion de retrouvailles du 17 octobre dernier a permis de faire émerger plusieurs choses.
D'abord, l'envie de continuer à travailler ensemble, ensuite des priorités communes pour notre territoire (malgré ou avec nos différences), sans volonté d'hégémonie d'aucun de nous.
C'est pourquoi je laisse vite la parole à mes coéquipiers et d'abord à Chantal qui va développer ce qui nous rend si forts.
    30 novembre - débat sur l'écosocialisme
 
    Discours d'introduction - Marche pour le climat 12.11
 

Catherine Amaro – co-cheffe de file LFI sud Bourgogne
"La crise écologique est devenue un enjeu politique majeur, en France comme dans de nombreux pays. Aujourd’hui chacun peut mesurer la gravité des risques que pose la catastrophe écologique pour le futur de tous.
Le changement climatique n’est pas le seul enjeu : il y a aussi la perte de la biodiversité, la question de l’eau, les pollutions diverses y compris chimiques ou radioactives, ou encore la dégradation de la qualité des sols.
Mais le changement climatique occupe une place majeure et centrale : s’il n’est pas maîtrisé, ce changement a le potentiel de détruire l’essentiel de la vie sur terre.
Les effets sont d’ores et déjà visibles et continueront de l’être dans les prochaines années. La multiplication de phénomènes extrêmes comme les inondations, les ouragans, les méga-feux – ou encore les records de chaleur ainsi que l'étendue des sécheresses de l'été 2022 – sont autant d’impacts de ce changement climatique et ne peuvent plus être niés.
Nous sommes dans une véritable situation d’urgence écologique et il est de notre devoir à tous d’éviter un futur invivable.
Selon que l’on mène une politique d’atténuation drastique, ou pas, le monde de 2040, 2060 ou 2100, pourrait devenir catastrophique voire invivable pour la grande majorité de l’humanité.
Nous manifestons donc aujourd’hui dans le cadre d’un appel mondial à la mobilisation citoyenne pour le Climat.
A Mâcon, diverses organisations réunies dans le cadre d’un collectif COP 27 ont décidé de proposer cette marche que nous espérons la plus large possible.
Pour les citer et en espérant ne pas en oublier, nous avons :
Attac Mâcon, la Confédération Paysanne, Mâcon citoyens, Refondation 71, GRS, EELV, LFI, PG, PCF et Champ libre (avec le Collectif Pas d’éclat). Plusieurs d’entre elles prendront la parole tout au long du parcours.

A la France Insoumise, nous sommes convaincus que les racines du changement climatique sont liées en profondeur à d’autres aspects de la crise écologique : surexploitation de ressources, industrialisation à outrance, non-respect de limites et équilibre naturels…, et donc, lutter contre le changement climatique revient à remettre en question le modèle capitaliste qui engendre ces catastrophes."

Olivier Leprévost – co-chef de file LFI sud Bourgogne 

"Le réchauffement climatique est en marche, mais il nous appartient encore très largement d’en freiner la progression, et d’en limiter les conséquences. Certes, c’est un défi phénoménal, au vu de l’omniprésence des énergies fossiles dans l’économie globale, du confort matériel à court terme qu’elles apportent, des difficultés, de l’immaturité et des grandes incertitudes liées aux énergies renouvelables, sans oublier la cécité, l’avarice, la corruption et le cynisme des élites.
Mais c’est justement par ce choix de faire face au défi du changement climatique, que l’on pourra faire émerger un sursaut collectif nécessaire à la bifurcation écologique pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Ce sursaut collectif doit permettre de profondément transformer les rapports sociaux, de mettre la solidarité et la coopération au-dessus de la compétition, de supplanter la mondialisation par la relocalisation et de redonner une dignité à chaque citoyenne, chaque citoyen. Saisissons cette situation comme une opportunité d’inventer et de mettre en place de nouveaux modèles, des nouvelles manières de vivre, en accomplissant ensemble quelque chose de grand et de transcendant.
Parce que nous sommes dans une situation d’urgence, seul un écologisme radical et déterminé pourra permettre à nos aspirations démocratiques de voir le jour. Plutôt que des milliards gaspillés à détruire, ou dilapidés dans de grands projets inutiles, il est temps de mettre toutes nos forces dans la lutte pour sauver ce qui peut encore l'être et de nous unir afin de dessiner un nouveau cap permettant à toutes les générations présentes et futures de reprendre espoir, de vivre et non de survivre."
   4 octobre 2022 - Éric Coquerel
 
   4 octobre 2022 - Arnaud Milanese
 

Au fasciste !

Réflexions à partir du livre de Marlène Benquet et Théo Bourgeron, La finance autoritaire, 2021, Raisons d'Agir

Trois événements convergent en 2022. Le plus récent : Jaïr Bolsonaro vient, contre ce que prévoyaient les sondages, de pousser Lula vers un second tour, aux élections présidentielles brésiliennes. Quatre points les séparent, on en attendait treize ou quatorze. Le président sortant de l’agro-industrie, des « gros sous », du lobby des armes, des Eglises Evangélistes, du climato-scepticisme et de la nostalgie de la dictature n’a pas dit son dernier mot – il n’est plus si sûr qu’il sorte… Et il a prévenu : s’il perd, il ne reconnaitra pas les résultats.

En Italie, vient de remporter les élections une coalition de trois formations d’extrême-droite, portée par la formation ouvertement néofasciste « Frères d’Italie ». Le profil « lepénien » de sa cheffe de fil a largement été commenté. Le retour aux affaires de Berlusconi, un peu moins – le précurseur italien de Donald Trump, le massacreur de militants lors du sommet de Gênes en 2001, la honte politique italienne du tournant du siècle dernier, le richissime, Berlusconi.

Plus tôt dans l’année, un milliardaire extrémiste notoire, Vincent Bolloré, qui phagocyte les médiats français en toute impunité, pousse la candidature d’Eric Zemmour aux présidentielles, jusqu’à faire trembler – un temps – la maison Le Pen. Celui que d’autres ont joliment appelé le « petit frisson transgressif de la bourgeoisie »…

Trois fois, la collusion d’un mouvement politique d’extrême-droite, autour d’une personnalité médiatique, et des puissances d’argent. Le tout se présentant comme parole des sans-voix.



Ce constat plagie l’introduction d’un petit livre un peu technique mais fort utile : La finance autoritaire, écrit par les jeunes sociologues Marlène Benquet et Théo Bourgeron, en 2021 (éditions Raisons d’Agir). Eux aussi commencent par la collusion de trois événements. La victoire de Donald Trump, aux Etats-Unis, justement, contre une Hillary Clinton si soutenue par la finance que la presse américaine l’avait surnommée la « candidate de Wall Street ». La victoire de Jaïr Bolsonaro, tient tient. Inutile d’en dire davantage. Et enfin, la victoire du oui au référendum sur le Brexit. Un oui porté par le très conservateur, très autoritaire, mais très populiste Boris Johnson. Un oui que l’on n’attendait pas. Et là, rappellent les auteurs, les commentaires dominants ont convergé : victoire des colères populaires irrationnelles contre les aspirations de la grande finance (la City semblait favorable au non). Si c’est plus discutable concernant Bolsonaro, on comprend le parallèle, et je soutiens qu’on peut le faire avec les trois événements de 2022.

Reste à savoir à quoi on a affaire. Nos deux chercheurs partent du Brexit. Apparemment, un étrange référendum, risqué, contre les désirs de la City, qui voulait rester dans l’Union Européenne. Pourtant, il n’en est rien. Il suffit de scruter le financement des campagnes. Oh surprise ! Non seulement la campagne du oui fut autant financée que celle du non (ou presque), mais surtout la part des acteurs de la finance dans la campagne du oui était plus grande, et nettement ! Et l’on sait le rôle de ce battage médiatique dans le résultat final. Le commentaire dominant s’effondre. Et s’il s’agissait plutôt d’une victoire de certains intérêts financiers qui avaient, contre d’autres, instrumentalisé les frustrations populaires ?

Pour enfoncer le clou, nos jeunes sociologues se demandent : quels acteurs financiers ont soutenu le oui, et quels sont ceux qui ont soutenu le non ? Là, on entre dans la partie franchement technique du livre – qui tire ses arguments de la thèse de doctorat des deux auteurs. Nous intéressent surtout les résultats. Du côté du non, on retrouve effectivement les grands acteurs historiques de la City : les grandes banques d’investissement, les compagnies d’assurance, les fonds de spéculation immobilière classique, etc. Mais du côté du oui au Brexit, on retrouve en masse des acteurs plus récents, qui ont émergé ces vingt dernières années, et se sont spécialisés dans des opérations bien plus risquées et bien plus juteuses : les Hedge Funds (des investissements, non dans des actions, mais dans les créances titrisées ou les options d’achat) et autres modes de quantitative investment (recours à des algorithmes pour réaliser des investissements aléatoires). Bref, précisément les pratiques financières qui ont provoqué la crise de 2007, et qui ont donc survécu !

Or, on retrouve les mêmes acteurs financiers derrière les premières campagnes de Trump et de Bolsonaro ! Quoi ? L’extrême-droite populiste ne serait pas le fruit spontané des colères populaires contre la haute finance ? Pire, c’est elle qui est soutenue, créée, attisée par certains acteurs capitalistes pour en supplanter d’autres ! Et que font ces acteurs politiques une fois au pouvoir et que visent les financiers qui les soutiennent ? A chaque fois, aller plus loin dans la dérégulation financière et la défiscalisation des profits. Orchestrer un repli national, non pas contre la mondialisation, mais contre les règles financières et commerciales qui l’ont jusqu’ici accompagnée – contre l’Europe et contre l’OMC.

Bizarrement, nos deux sociologues parlent de défaites du « néolibéralisme » face à la « finance autoritaire » – associant une plus grande dérégulation des opérations financières et commerciales à un surcroît d’autoritarisme et de réaction dans l’exercice du pouvoir. Pourtant, on a coutume d’associer néolibéralisme et dérégulation ! Erreur, rappellent les auteurs : le néolibéralisme, depuis les années 30, a toujours exigé un cadre réglementaire strict pour mieux assurer les opérations commerciales et financières. C’est ce que voulaient les auteurs de la constitution de la RFA et les inspirateurs du Traité de Rome, c’est ce que visent le FMI et la Banque Mondiale. Et à nouveau c’est ce qui s’est exprimé en 2008, après la crise des Subprimes. Si le néolibéralisme nous semble dérégulateur, c’est parce que nous pensons aux tâches sociales de l’État et aux services publics, qui sont bel et bien ses cibles. Pas les règles de fonctionnement économique et financier. Ce néolibéralisme a pu se développer à la faveur du New Labour de Tony Blair, du SPD de Schröder et du PS des années 90 (Strauss-Kahn, Delors, etc.). Mais l’idéologie conservatrice et dérégulatrice – y compris sur le plan économique – qui s’exprime derrière Trump, Bolsonaro ou Johnson, est plus proche de ce qu’on appelle aux Etats-Unis le Libertarianisme – un mélange d’État Gendarme inflexible et de chèque en blanc laissé aux grandes fortunes.



Mes propres travaux (et ceux de beaucoup d’autres) m’obligent maintenant à rectifier pour aller plus loin. En fait, les néolibéraux se sont toujours partagés en deux camps. Tous ont toujours soutenu qu’il faut assurer un ordre pour laisser libre cours au capitalisme. Mais pour les uns (les moins « réac », disons) cet ordre, ce sont d’abord et avant tout des règles du jeu économique strictes – pour le reste, on peut être « progressiste ». C’est l’esprit même du marché commun qui a engendré l’Union Européenne. Et pour les autres, l’économie doit aller vers toujours plus de dérégulation – l’ordre social, lui, est maintenu par la conservation des structures sociales héritées. Décrit comme cela, on reconnaît aussi des choses déjà anciennes : le conservatisme d’un Reagan et d’une Thatcher, par exemple. Voire même l’ultralibéralisme économique de la dictature de Pinochet !

Alors que se passe-t-il aujourd’hui ? Derrière la « résistance » de Bolsonaro, derrière les velléités d’un Bolloré, derrière la victoire de l’extrême-droite en Italie et sa montée en puissance dans nombre de pays européens, il y a toujours à l’oeuvre cette aile réactionnaire – voire fascisante – du néolibéralisme, dont les intérêts financiers voudraient s’abstraire des règles du FMI ou de l’Union Européenne. Et derrière les néolibéraux pro-européens ou pro-OMC, il y a davantage ces néolibéraux régulateurs sur le plan économique, mais tout aussi destructeurs sur le plan social et politique. Si Johnson a perdu le pouvoir, Liz Truss reste strictement dans la même perspective. Et du coup, que penser du fait qu’elle s’est fait taper sur les doigts par le FMI, la Banque Mondiale et une partie de la City, la poussant à retirer une bonne part de sa politique de baisse d’impôt ? Et bien peut-être qu’un nouveau rapport de force entre ces deux grandes orientations de la finance et du néolibéralisme s’opère. Un énième revirement dans cette guerre des grands de ce monde qui nous confisque l’espace public.

Inversement, donc, y a-t-il quoi que ce soit derrière les extrêmes droites contemporaines susceptible de gêner le capitalisme ? Et bien, on le savait, et cela se confirme ici : rien. Vraiment, rien. Et on le voit bien dans notre étrange Assemblée Nationale. Ces deux orientations – plus et moins conservatrices – du néolibéralisme se déchirent, sauf lorsqu’il s’agit de s’opposer à son véritable ennemi – une gauche vraiment à gauche. Le vote des 89 députés du groupe Rassemblement National le montre à loisir (89 !!).

Que dire alors du risque néofasciste, qui vient de trouver brutalement une nouvelle incarnation en Italie, et qui commence aussi à faire son lit en Allemagne, à bas bruit, derrière la fusion de certains groupes de réflexion néolibéraux réactionnaires avec des groupuscules ouvertement néonazis ? Dans l’entre-deux guerres, les fascismes avançaient déjà appuyés par certains intérêts capitalistes s’opposant à d’autres. Et ils avançaient déjà en se mêlant à des colères, des frustrations et des institutions qui les précédaient – armées, églises, etc. Comme le cancer ou la gangrène, le fascisme n’arrive jamais seul, et prend des formes différentes selon l’organe qu’il contamine d’abord ! Il y a une dizaine d’années, l’historien Robert Paxton avertissait : n’attendons pas de revoir défiler des chemises brunes pour s’inquiéter du retour du fascisme ! L’armée, les associations d’anciens combattants n’ont plus la place qu’ils avaient dans les années 20, en Allemagne, en France ou en Italie. Et les frustrations, que produisent les dysfonctionnements démocratiques, ne prennent plus les mêmes formes. Restent une certaine violence, un discours anti-système, appuyés par une caste économique, désignant des ennemis de papier à la vindicte populaire, pour mieux la contrôler. Et si ces lieux de pouvoir gangrénés, aujourd’hui, était une partie de la finance, contrôlant une partie des médiats ? Et si le fascisme prochain, déjà là, portait le costard cravate, et le tailleur Chanel ? Et s’il expliquait les tiraillements de cette drôle de nébuleuse que sont devenus, en France, les LR et la Macronie ? Sans confondre complètement nos deux ennemis, il faudra bien se résoudre, pour les affronter vraiment, à admettre que l’un puisse prendre le visage de l’autre. Et à cesser de faire la sourde oreille lorsque nous crions « au fasciste ! ».

    Tractage sur les marchés - taxer les profiteurs de crise
Les tracteurs tout terrain (et tout temps) étaient de sortie ce samedi 1er octobre sur le marché de Cluny

   JSL - 26 septembre 2022
 

Ils tentent de maintenir allumée la flamme de la Nupes

Ce samedi, l’ancien candidat Nupes aux législatives Richard Béninger organisait une assemblée citoyenne à l’échelle de la 3e circonscription de Saône-et-Loire. L’obsession de cet Insoumis ? Que l’alliance avec les écologistes, les socialistes et les communistes perdure au-delà des législatives et à l’échelle locale.

À l’intérieur de la petite salle communale sur laquelle a été scotchée une affiche aux couleurs de la Nupes, plusieurs chants retentissent ce samedi. Un Bella Ciao repris à tue-tête ou encore une version remaniée des Petits Papiers de Régine transformée pour l’occasion en “Laissez passer les sans-papiers”. Sur un paper-board, les amendements votés par chaque camp à l’Assemblée sont détaillés. L’occasion de rappeler que seule la gauche unie a voté en faveur de la revalorisation des retraites de 5,5 %, du SMIC à 1 500 euros ou des loyers bloqués. (...)

    Nouveau Front Populaire
" C'est devant près de 5000 personnes que Jean-Luc Mélenchon a clôturé, dans un meeting offensif, les universités d'été de La France Insoumise, égratignant Emmanuel Macron et appelant la NUPES à former un 'nouveau Front Populaire' " (Le Dauphiné Libéré, 29 août)
   29 août 2022 -
 

Robert Linhart, L'établi, 1978

On sait bien ce qu'est un établi: une table de travail, plus ou moins aménagée, dont se sert le professionnel ou le bricoleur. Dans ce livre, l' "établi" arrangé par Demarcy, vieil ouvrier de l'usine de 2cv de la Porte de Choisy à Paris, lui sert à retoucher les portières irrégulières ou bosselées avant qu'elles ne passent au montage (si on veut être précis, c'est plus un gabarit qu'un établi). Seul ouvrier professionnel de l'usine, il fait les frais, à l'automne 1969, d'un mouvement de "rationalisation" de la production, avec son lot d'absurdités et d'expériences vexatoires: son "établi" est remplacé par un outil plus "rationnel" avec lequel il ne parvient pas à travailler. Symbole d'un travail que l'ouvrier ne doit pas s'approprier: il était trop bon, et son outil était trop le sien. Un "jeune" fera l'affaire sur cette machine "rationnelle". Moins bien, mais plus interchangeable, plus impersonnel - déqualifié.

Si l'auteur parle d'établi, il ne faut pas y voir trop vite une ignorance des termes de l'art ! Il voulait aussi que l'on pense à autre chose, aux gens comme lui: les établis, ces centaines de militants intellectuels, le plus souvent maoïstes, qui, à la fin des années 60, prenaient un emploi, "s'établissaient" comme on disait, dans les usines, sur les docks ou parfois même dans les exploitations agricoles. Robert Linhart, né en 1944, Normalien de la rue d'Ulm, et militant maoïste de la toute nouvelle Gauche Prolétarienne, a ainsi travaillé un an, comme Ouvrier Spécialisé de deuxième catégorie, à partir de septembre 1968, dans cette usine Citroën de la Porte de Choisy. Une ancienne fabrique d'automitrailleuses Panhard.

Pas de grandes phrases, pas de spéculations. Il raconte, avec une simplicité extraordinaire pour un intellectuel de cette génération, la découverte de la chaîne, des postes, du rythme. Les odeurs de féraille et de peinture, les bruits de tôles et de soudures, la couleur grise partout. Un rythme qu'il pensait violent, saccadé, brutal, et qu'il découvre lent, continu, implacable.

Il raconte aussi sa difficulté à trouver un poste qu'il sache tenir, à comprendre d'où lui vient cette maladresse. Le manque d'habitude ? Son statut d'intellectuel ? Oui et non: ces gestes ne sont pas que des habitudes à prendre. Ce sont des asservissements contre-nature aux mouvements des machines. Devant cette violence, on n'est pas un intellectuel ou un manuel, un Français ou un immigré. On est un humain qui aspire spontanément à faire autre chose.

On peut y sombrer, s'enfermer dans sa souffrance au point d'oublier les autres et soi-même dans la routine. Ou, pour l'auteur, oublier pourquoi il est là: lorsqu'il rentre chez lui, "anesthésié" par sa journée, incapable de lire, de penser, de prendre du plaisir. On peut aussi retrouver dans cette commune répugnance l'intérêt qui lie les travailleurs, contre toutes les divisions: entre Français et immigrés, soumis et révoltés, hommes et femmes, qualifiés et non-qualifiés.  Et ce n'est pas facile, car l'organisation du travail, raconte Linhart, repose aussi sur ces divisions, vise aussi à les vivifier, à les utiliser: salaires, postes, attitudes des chefs en tout genre, grilles de "qualification", tout rappelle à chacun qu'il appartient à un groupe étroit et non à un collectif, à une "race" et non à une classe. Tout porte à oublier la lutte des classes - du moins du côté des ouvriers. Sauf à bien voir où se situent les tactiques du pouvoir, les méthodes de surveillance, la répression, les vexations et toute la gamme des sanctions formelles et informelles que Linhart décrit si bien.

Ce récit devient donc aussi celui des résistances.

Résistances d'abord par mille petites stratégies. Celles de Christian, faites d'habileté et d'attention pointilleuse à remplir ses quotas, rien que ses quotas ! De quoi flirter en permanence avec une colère des chefs qui ne trouve rien à quoi se raccrocher lorsque, pourtant, il dépense sa dernière demi-heure de travail à flâner. Celles des trois frères yougoslaves, si efficaces à s'organiser et se réorganiser au mépris de ce que prescrit le bureau de maîtrise: mais que faire ? Ils sont si productifs ! Il faudra pourtant bien se passer de cette efficacité, pour être prêt à se défaire d'eux ! Stratégies encore de la "folle", comme l'appelle Christian, qui s'abîme dans un accroissement effreiné de son propre rythme, qui se sâoule de gestes ciselés, compulsifs, lubrifiés et callés comme un roulement à billes, qui en oublie au passage que les quotas des postes semblables au sien explosent par sa faute. Qu'en se défonçant ainsi à sa tâche, par sa tâche, elle enfonce un à un ses compagnons d'infortune, comme on dit. Linhart décrit aussi mille autres micro-décisions par lesquelles on mesure un peu de cette vie et de cette dignité qu'il nous reste à ce qu'on force la hiérarchie à tolérer: un peu de stock d'avance pour produire le temps d'une cigarette, un début de tâche un mètre plus haut dans la chaîne pour produire le temps d'un arrêt, d'une inaction. Résistance d'une vie face à la machine. Et Linhart la décrit aussi bien dans ces "tactiques de poste" que dans les ratés, les dyschronies, les maladresses par lesquelles chacun se rappelle à lui-même, et montre aux autres, qu'il n'est pas une machine. Qu'il est plus que cela.

Et cela se voit. Tout se voit dans une usine, pour le meilleur et pour le pire, apprend-on. Tout ce qu'un ouvrier montre est autant d'armes à retourner contre lui à la prochaine réorganisation, à la prochaine "rationalisation". Toute sa vie exprimée au travail est matière d'un savoir, d'une "expertise", orchestré et produit par la hiérarchie. Un "savoir-faire" qui n'a pas grand chose de technique mais a tout d'un art de dominer.

La résistance, c'est aussi celle des explosions de colère dans l'atelier, de la formation d'un comité de base, et finalement d'une grève, le 17 février 1969. En un sens, la grève était déjà là, toujours possible. Sous la résignation apparente, il y a une tension permanente, un fin maillage de pressions et de résistances qu'une moindre maladresse peut déséquilibrer (et ça, nul intellectuel, nul militant ne peut le comprendre de l'extérieur). Le grain de sable, le geste trop rapide ou trop lent, ne menacent pas seulement l'ouvrier. Fort heureusement: saisir le bon moment n'est pas chose aisée, en réalité, pour nos pauvres dominants, et ce n'est pas seulement pour tromper leur monde qu'ils se sentent perpétuellement en crise ! Il n'y a pas d'équilibre dans une exploitation, mais la stabilité d'un bras de fer où l'un domine outrageusement l'autre, qui cependant ne cède pas: tous deux restent également menacés, d'un certain point de vue. Même si les exploités sont mal placés pour percevoir ce "point de vue".

Et ce, non par aveuglement ou par bêtise, mais parce qu'ils sont privés d'intelligence collective.

Assez vite, Linhart raconte comment il s'est trouvé confronté à un problème, qui n'était pas nouveau pour lui, mais qui semblait se poser enfin de manière correcte. Faut-il faire son établissement pour connaître vraiment la vie ouvrière, et ainsi se former ? Mais ce n'est qu'une démarche morale, égocentrée, et assez vaine - le militant "intello" ne devient pas vraiment ouvrier. Faut-il le faire pour organiser la lutte de l'intérieur ? Après tout, c'est pour cela que le mouvement des établis s'est tant développé chez les maoïstes après mai 68 et, surtout, les accords de Grenelle: si même la CGT les a signés, on ne peut donc plus compter sur les syndicats, pense-t-on alors, pour faire la jonction avec le monde ouvrier. Il "nous" faut les organiser et les éduquer par "nous"-mêmes. Mais quelle prétention au final ! Le colonialisme était-il fondé sur une autre intention ? Pire: ainsi posée, l'alternative reste abstraite, vaine.

La situation a tôt fait de montrer à Linhart le problème sous son vrai jour, de lui offrir une meilleure vision des choses - celle que partagent tous les ouvriers de l'usine, et à partir de laquelle ils construisent leurs diverses façons d'être. Cette forme de travail organise tout, happe tout. Les ouvriers ne se révoltent guère ? Ils n'ont pas besoin d'éducation ou qu'on les organise - ils ont besoin de temps. Du temps pour parler, pour se réunir, pour se coordonner. Un temps durant lequel il n'y a plus cette peur pressante de la hiérarchie - en fait, de perdre son gagne-pain - et du temps contraint. Ils ont besoin qu'on les laisse cultiver leur intelligence collective. Quand Linhart leur parle d'organisation et de résistance, les ouvriers ne découvrent rien, ils savent tout. Sauf peut-être que, hors de l'usine, il y a des gens, des militants, qui sont prêts à se battre pour eux et à leur côté. L'établi n'est ni un organisateur ni un éducateur - c'est un messager, un informateur. Une relation. Et de son côté l'établi milite en comprenant et en vivant la situation, et il comprend la situation en militant. Dans la résistance, la revendication et finalement la grève, ces ouvriers - Linhart y compris - ne sont plus ni éducateurs ni éduqués. Ils se forment - une conscience, une histoire, une mémoire qui contribue à l'histoire sociale. Qu'il semblait loin de le voir ainsi avant septembre 1968 ! Et lui-même l'avoue: il lui faudra encore du temps, après son expérience, pour voir les choses ainsi. Il mit près de dix ans à écrire ce livre, pourtant assez bref. Il touche là du doigt le plus évident et le plus difficile à saisir aujourd'hui: l'organisation capitaliste repose sur une forme de désorganisation. Il n'est pas instable par vice. Il a besoin d'une certaine instabilité: pas seulement parce que toute vie collective est en partie au moins imprévisible, mais parce que la domination ne s'organise qu'en désorganisant les dominés.

Il y aurait bien d'autres choses, et meilleures, à dire, à propos de ce livre, de son style si clair, et simple, de sa manière de rappeler ce qu'un intellectuel peut sans doute faire de mieux aujourd'hui: témoigner. C'est ce qui en fait pour moi l'un des livres politiques les plus importants et les plus actuels du 20e siècle. On me dira qu'il ignore une grande part des préoccupations politiques du moment. Au premier chef, la question écologique. Et pourtant: regardez ses descriptions de la vie d'usine, de cet empoisonnement réciproque des hommes et des choses, ce mazout, ces gaz, ces gâchis. Regardez cette manière dont les différences socio-économiques s'y imbriquent aux différences de culture, d'origine, de genre, au mépris des organismes de chacun. Depuis cet écosystème interne à l'usine de la Porte de Choisy, c'est toute une imagerie du monde-usine qui s'offre à nous, du monde-en-chaînes. Or, "l'insulte et l'usure de la chaîne, tous l'éprouvent avec violence, l'ouvrier et le paysan, l'intellectuel et le manuel, l'immigré et le Français" (Linhart, p. 26).

Arnaud Milanese

Extraits (...)

   20 juillet 2022 -
Richard Béninger, ex-candidat NUPES sur la 3e circonscription, réagit au salut nazi du député

Mr le député de la 3eme circonscription de Saône et Loire, Rémy Rebeyrotte,

Par cette pitrerie du plus mauvais goût, vous faites honte à vos électeurs dont une partie vous ont choisi pour faire barrage à l’extrême-droite.

Si vous cherchiez par ce geste à camoufler votre vote avec la majorité de votre groupe macroniste pour l’élection de deux vice- présidents RN à La Tribune de l’assemblée nationale, c’est raté !

La seule véritable opposition, c’est la Nouvelle Union Populaire Écologique et Sociale - NUPES, comme le confirme les débats à l’assemblée et dans votre circonscription dès la semaine prochaine, nous diffuserons le tract d’urgence sociale qui propose un véritable plan de sauvegarde et de développement du pouvoir d’achat.

   Le Journal de Saône-et-Loire - 11 juillet 2022

La motion de censure de gauche débattue ce lundi à l'assemblée

La motion de censure de l'alliance de gauche Nupes contre le gouvernement d'Élisabeth Borne sera débattue et soumise au vote ce lundi à partir de 16 heures à l'Assemblée nationale.

Ce calendrier sur cette motion déposée mercredi, juste avant la déclaration de politique générale de la Première ministre, a été fixé en conférence des présidents de l'Assemblée.

Comment va se dérouler le vote

L'orateur du groupe LFI-Nupes s'exprimera en premier, avant l'intervention du gouvernement. S'exprimeront ensuite tour à tour les orateurs des autres groupes pour une durée totale d'environ 2h30. Le scrutin, organisé dans les salles voisines de l’hémicycle, sera ensuite ouvert à l’issue du débat pour 30 minutes. Seuls les députés favorables à la motion y participeront.

Pourquoi cette motion de censure

« En l'absence de vote de confiance », qui n'a pas été demandé par la Première ministre, « nous n'avons d'autre choix que de soumettre cette motion de défiance », avaient justifié les groupes LFI, PS, écologiste et communiste, alliés dans la coalition Nupes, dans leur texte.

Selon eux, « le choix est fait de rompre l'équilibre institutionnel actuel du Premier ministre, évidemment choisi par le président de la République mais dont la légitimité procède aussi du Parlement ». Les signataires déplorent également le refus d'Elisabeth Borne de solliciter un vote, alors que la situation voulue par les Français « offre une opportunité inédite à l'expression d'un véritable parlementarisme ».

De son côté, Jean-Luc Mélenchon, chef de file des Insoumis, qui ne s'est pas lui-même représenté pour être député, a estimé que la crise née des élections législatives, qui pourrait perdurer à travers un « blocage » au Parlement, « se dénouera par des élections » législatives.

« Une perte de temps » pour la majorité

Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, a répondu dimanche : il a appelé Jean-Luc Mélenchon à « respecter le vote des Français » et « permettre au Parlement » de légiférer.

« Il faut que lui-même accepte l'idée que le deuxième quinquennat vient de commencer, que la page électorale est derrière nous », a plaidé Olivier Véran au Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro, en soulignant que « l'intérêt général et la noblesse de la politique publique, c'est de concentrer son attention, son énergie et ses efforts vers l'amélioration du quotidien pour les Français ».

Les macronistes comme Sacha Houlié (LREM) critiquent une « perte » de temps, loin des préoccupations des Français. « Si les oppositions veulent se fragiliser en démontrant qu'elles ne peuvent pas démettre la Première ministre, je n'en suis pas malheureux », glisse-t-il.

« Vous allez chercher à censurer un gouvernement qui commence son travail », a aussi dénoncé Elisabeth Borne.

« La cheffe du gouvernement a tendu la main à deux reprises aux oppositions, lors de sa déclaration de politique générale » et « en face, j’ai entendu Marine Le Pen du Rassemblement national (RN) et Mathilde Panot (...) répondre par l’insulte », a pointé le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin dans Le Monde samedi.

Pourquoi la motion de censure a peu de chance d'aboutir

Pour faire tomber le gouvernement, il lui faudrait réunir une majorité absolue, ce qui paraît très peu probable faute d'un rassemblement des oppositions. L'alliance de gauche Nupes rassemble 151 députés (un député n'a toutefois pas signé le texte de la motion, le socialiste Dominique Potier). Les groupes RN (89 députés) et LR (62) ne voteront pas la motion.

Mais la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot espère en faire une démonstration de « défiance » contre Elisabeth Borne qui n'a pas de majorité absolue à l'Assemblée.

Le RN a accusé les députés LFI de vouloir « tout bloquer » et en se présentant en opposition « qui construit » et concilie. « On attend déjà que Mme Borne nous dise où elle veut emmener le pays », a également expliqué un des porte-parole du groupe d'extrême droite, Sébastien Chenu. « On veut profiter de la situation pour obtenir des avancées », abonde, de son côté, le patron des députés LR, Olivier Marleix.




 

Mâcon Cluny en lutte
Arnaud Milanese
Richard Béninger
Catherine Amaro
Patrick Monin
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